EXCURSUS VI


DE MACIRE, VEL MACERE.

Note on Pliny, Book XII, xvi.32 [Chap. VIII in Holland's division]. Et macer ex India advehitur, cortex rubens radicis magnæ, etc.

Mira inter doctos de Macere opinionum varietas. Plinii novissimus ad hunc diem, ut opinamur, interpres, pronuntiat hanc plantam eamdem esse atque Rheum palmatum aut R. compactum Linnæi, cujus radix, e Tataria septemtrionali Sinarumque finibus advecta, in officinis nostris est usitatissima. Sententiam autem suam sic tueri conatur: "Le macir ou maker, comme l'appelle Dioscoride, n'est autre selon moi que la vraie rhubarbe, c'est-à-dire que la racine d'un arbre indien de la contrée de Malabar, nommé encore aujourd'hui Macre.... Ces grands et gros morceaux de rhubarbe, sujets à cette carie précieuse, appartiennent bien évidemment à une autre racine que les petits bâtons de rhubarbe qui en sont exempts.... Le mot oriental macir ou maker, ou makre, paraît avoir sa source dans l'hébreux makar, contabescere, ou Macha demoliri, destruere: ce serait la vraie rhubarbe définie par sa carie ou par son desséchement." Non abs re fore judicavimus hoc loco transcribere clarissimi Gerardi notam, nondum prælo commissam, qua gallici interpretis opinionem rejiculam prorsus esse demonstrat: "Selon la note de M. Poinsinet de Sivry, la rhubarbe cariée serait le vrai macir, et les petits bâtons de rhubarbe, exempts de cette carie, appartiendraient à tout autre plante, d'où il s'ensuivrait que mal à propos on confond ces deux racines; mais ces grands et gros morceaux de rhubarbe, sujets à cette carie précieuse, n'ont aucun rapport avec le macir, qui est une écorce selon le témqoignage de Dioscoride, de Pline, de Galien et d'Avicenne parmi les anciens, auxquels se joint celui de Christophe Acosta, tandis que le rhubarbe saine ou vermoulue est en bois compact dépouillé de son écorce.

"Au surplus, cette carie de la rhubarbe n'est pas un caractère essentiel et distinctif d'après lequel on doive admettre deux sortes de rhubarbe provenans d'espèces différentes. La racine de la rhubarbe n'a pas le privilège d'être absolument exempte de carie. La précaution avec laquelle on la fait sécher, les trous que l'on y fait pour l'enfiler et la suspendre, sont autant de moyens mis en usage dans la vue de la garantir de corruption. Mais s'il restait quelque doute là-dessus, et si la rhubarbe cariée avait une origine différente de celle qui est intacte, on ne verrait jamais des morceaux de rhubarbe à moitié cariés; il n'est cependant pas rare d'en rencontrer dont la partie vermoulue devrait appartenir à cette carie précieuse, tandis que celle qui ne l'est pas encore serait de la nature de ces petits bâtons de rhubarbe qu'on a cru devoir distinguer des gros morceaux sujets à la carie. Toute la différence qui existe entre ces deux rhubarbes, c'est que certains morceaux sont plus sujets à être attaqués par les vers que d'autres. Si elles n'avaient point une origine commune, et si l'une nous venait du Malabar, tandis qu'il est certain que l'autre nous est apportée de Tartarie et de la Chine, nous ne les recevrions pas toutes par la même voie.

"C'est donc fort mal à propos qu'on a voulu faire un bois du macir qui n'est qu'une écorce, et c'est avec moins de fondement encore qu'on a prétendu que la rhubarbe cariée est le vrai macir. Sur le premier point, on est désavoué par les anciens naturalistes, et macir ... cortex rubens radicis magnæ. Sur le second, on le serait par l'exemple que je viens de citer, d'un bâton de rhubarbe dont la moitié restée intacte serait de la vraie rhubarbe, tandis que la portion vermoulue serait du macir, suivant l'auteur de cette note. La rhubarbe cariée conserve ses propriétés essentielles, parce que les vers n'attaquent pas sa résine; à dose égale, elle doit être plus active que celle qui est exempte de carie." (Ex ineditis Gerardi notis in Plinium, part. botan.) Quum nullam esse censeamus Maceris Veterum et Rhei Recentiorum ὁμοιότητα, item arbitramur rejiciendam quorumdam doctorum conjecturam, qui Macer ad Quassiam simarubam Linn. referunt. Guiana est Simarubæ natale solum; verum enimvero quomodo fieri potuit ut planta Americæ meridionali peculiaris, Plinii Dioscoridisve temporibus, Europæ incolis innotuerit? Satius fuerit fateri nihil adhuc certi de macere Veterum recentiores compertum habere. Nos Sprengelii auctoritatem ad hunc locum, ut sæpe alias, adducere nulli dubitamus. Scilicet postquam meritis laudibus acre Notri auctoris ingenium, studium incredibile, summam vigilantiam (1) magnifice ornavit extulitque: "Neque tamen rari sunt (in tam vasto opere) errores gravissimi, ait, e cognitione plantarum manca orti. Confundit e.g. casiam Romanorum (Daphnen cneorum, lib. XII, cap. 20) cum Lauro cassia; fabam græcam appellat Celtim australem, lib. XVI, cap. 32; oryzæ florem tribiut purpurem, lib. XVIII, c. 7, etc. Macer, sive Macis, ipsi cortex rubens radicis cujusdam magnæ est, etc. etc."

Ex his verbis clare satis apparet Plinii Dioscordisque macer, teste et auctore Sprengelio, nihil aliud esse quam membranam vestientem semen aromaticum nucis moschatæ (Dioec. monadelph. gen. 2298, Pers. Laurin. juss.) quæ olim ex Moluccis insulis in Indiam fortasse transvehi poterat.


Notes

(1) Plinii jun. Epist. III, 5, 8.


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