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(devoir de rédaction française, 6ème classique)
 p1  pour le Samedi 7 avril 1962​a

Sujet

Capitaine Renard a abandonné son ami Bouc au fond du puits. Celui‑ci appelle « au secours ». Imaginez la scène.

Développement

Messieurs Renard et Bouc étaient des touristes américains qui voulaient visiter le Mexique, en dépensant le moins d'argent possible. Alors, sous un soleil torride, les deux voyageurs partirent à pied de San Antonio, grande ville du Texas, avec beaucoup de sacs en plastique pleins de Coca-Cola  p2 que portait le Bouc sur son dos. Le Renard, lui, portait son appareil photographique et une carte du Mexique.

Un jour, pourtant, la boisson vint à manquer au milieu du désert et la carte ne montrait guère de ville par là. Mais le couple trouva un vieux puits abandonné, dans lequel ils sautèrent tous deux. Quand ils en eurent assez bu, le renard s'échappa à l'aide du Bouc insouciant, prit une belle photographie de l'animal enragé par son sermon malicieux, et partit. C'est midi.

Le Bouc commence, après beaucoup de réflexions, à bêler fort, et avec résolution, pour attirer du monde. Le soleil descend toujours ; on ne le voit plus du puits Pour se distraire, le Bouc en colère regarde les longs nuages mauves qui se tordent en formes fantaisistes et qui flottent dans le ciel déjà rose.

Soudain, il entend une voiture s'arrêter devant sa prison, des pas s'approcher puis s'éloigner et une voix d'homme dire :

— « Tiens ! C'est curieux. »

 p3  On entend alors une voix de femme :

— « C'est un fantôme du désert ; ce n'est rien. »…

Le lendemain, Vendredi, rien. Même pas une souris.

Samedi ; rien d'autre qu'un monsieur mexicain et sa famille qui sont en panne. Deux garçons viennent regarder dans le puits, attirés par le bruit étrange qui s'en élève.

— « Mama ! Viens voir un bouc qui fait la sieste dans le puits. »

— « Tais-toi ! »

En effet, notre ami barbu s'était bourré de champignons qu'il avait trouvés l'avant-veille. Bien sûr, après cela, il ne pouvait plus garder ses yeux ouverts.

Le dimanche vient. Vers huit heures du matin, en regardant le ciel, le Bouc voit un homme descendre dans sa cage au bout d'une corde qu'il lui passe autour du ventre. L'inconnu à la moustache noire et au sombrero saute sur le dos et crie :

— « Ça y est ! »

 p4  En quelques secondes qui semblent durer des heures, la bête se trouve suspendue au bout d'une grue à une quinzaine de pieds au-dessus du sol ! Il regarde autour de lui : voilà le renard et des reporters qui prennent des photographies à qui mieux mieux ! Finalement, le bouc touche sol ; son passager descend et détache la corde.

Qu'est‑ce qui s'était passé ?

En marchant vers le Sud, le renard avait rencontré une troupe de cinéastes américains qui était en train de finir une scène de cowboys dans le désert. Alors, la bête fourbe eut une idée magnifique — pourquoi ne pas employer la grue qu'ils utilisaient, pour tirer le stupide Bouc de son puits ? En même temps, il pourrait tirer profit de l'affaire : Walt Disney cherchait un bouc pour son prochain film… !

Maintenant, Monsieur Bouc, grand acteur, a une belle maison à Hollywood… et le Renard aussi.


Note pour la Toile :

a Le texte est tout simplement une rédaction qui m'avait été donnée en devoir voici donc quarante-cinq ans ; que je mets sur la Toile ce 9 octobre 2007 en souvenir de ma mère qui en aurait eu aujourd'hui quatre-vingt‑huit. Le texte est reproduit en toute fidélité, y compris les petites fautes, que d'ailleurs le professeur n'a pas corrigées. J'étais à Niamey, élève au Lycée National du Niger ; n'ayant pas parlé français depuis l'âge de trois ans, c'était presque rapprendre la langue, et ma mère surveillait de près mes devoirs, et dans le cas devant vous, m'a lancé sur la mise en scène dans le désert et au Mexique — pays où après tout nous avions vécu.

Le reste, par contre, est de mon cru, et la nature humaine, ou du moins la mienne, est telle qu'on y voit déjà en place plusieurs traits qui me caractérisent encore septuagénaire : le goût de la marche à pied, la manie de la photographie. Coincé par exemple en l'an 2000 sur une montagne italienne sur un sentier large de vingt centimètres entre une montée trop raide pour être escaladée en sécurité sur ma gauche, et un abîme de deux ou trois cents mètres sur ma droite, avant de rebrousser chemin bien calmement sans histoires, mon premier souci ? Prendre l'obstacle en photo :


[ALT de l'image : A mountain goat barring my path up the Monte Cucco, a peak in the Umbrian Appennines (Italy).]

C'est bien entendu ma mère aussi qui avait gardé ce devoir ; à sa mort, je l'ai trouvé parmi ses effets.


[ALT de l'image : HTML 4.01 valide.]

Page mise à jour le 4 sept 21