Appendice, Chapitre IX, p. 64 et suiv. (2e partie) des Mémoires de Mlle de Montpensier
Olivier d'Ormesson a résumé dans son Journal, en précisant les dates, les principaux événements de cette campagne : « Comme cette conquête de la Franche-Comté est fort belle et heureuse, il est bon d'en remarquer les circonstances. M. le Prince, sous le prétexte d'être en Bourgogne aux États, avoit pris connoissance exacte que la Franche-Comté étoit sans aucunes troupes et sans défiance, parce qu'ils ne doutoient pas que le roi ne leur accordât la neutralité, comme à la dernière guerre. Les habitants de la Franche-Comté ayant envoyé vers lui pour demander la neutralité, il les a amusés. Cependant le roi a fait marcher son armée, sans découvrir son dessein, et ces habitants se sont vu attaquer, sans avoir su qu'ils le devoient être. Besançon et Salins se sont rendus à la vue des troupes. Le roi en arrivant est allé à Dôle, a fait insulter les contrescarpes et quelques demi-lunes, où il y a eu quatre ou cinq cents hommes tués. Les habitants étonnés, se voyant sans troupes et sans espérance de secours, se sont rendus le mardi gras, 14 février 1668. Le roi a marché en même temps à Gray ; le gouverneur a fait mine de se vouloir défendre ; mais le marquis de Dien, gouverneur général sous Castel-Rodrigo, qui est du pays et y a tout son bien, s'est venu rendre au roi et étant allé à Gray a persuadé au gouverneur de se rendre ; ainsi le roi y est entré le dimanche 19 février et y a fait chanter le Te Deum, ayant à sa droite le gouverneur général et à sa gauche le gouverneur particulier de la ville, et le même jour il est parti pour le revenir.
» Ainsi le roi est parti de Saint-Germain le 2 février, est arrivé le 8 à Dijon, a su en arrivant que le 6 Besançon et Salins avoient été pris ; il a attaqué Dôle le 12, l'a pris le 14, est allé à Gray et l'a pris le 19, est parti aussitôt et est arrivé à Saint-Germain le 24. Ainsi, en vingt-deux jours du mois de février, il est parti de Saint-Germain, a été en Franche-Comté, l'a prise entièrement et est revenu à Saint-Germain. Cette conquête est grande et admirable dans ses circonstances. »
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