FUNÉRAILLES DE LA REINE MQERE.

Mademoiselle renvoie par la marche de convoi de la reine mère aux gazettes et mémoires du temps. Comme ces ouvrages ne sont pas toujours entre les mains des lecteurs, il m'a paru utile de donner la description des funérailles d'Anne d'Autriche, d'après le Journal d'Olivier d'Ormesson:1

« L'ordre de cette cérémonie étoit que les compagnies des gardes suisses et françoises étoient en haie depuis le Louvre jusqu'à la porte Saint-Denis. La marche étoit de sept ou huit carrosses de deuil à six chevaux blancs, pleins de dames ; après, les deux compagnies de mousquetaires, chacun un flambeau de cire blanche à la main, et un crêpe sur le chapeau et sur les tambours et timballes, avec leurs casaques ordinaires ; les chevau-légers, de même ; les petits officiers de la maison, vêtus de deuil, à pied ; les autres officiers à cheval, vêtus aussi de deuil, leurs chevaux houssés et caparaçonnés de deuil. Après marchoient deux carrosses de deuil, dont les chevaux étoient couverts de drap noir, avec une crois de tabis blanc : puis le carrosse de M. l'archevêque d'Auch, son grand aumônier ; après, cinq carrosses, dans chacun desquels étoit une princesse du sang, remplis de duchesses et princesses étrangères, sans ordre ni préséance entre elles. Les cinq princesses étoient mademoiselle d'Orléans,2 mademoiselle d'Alençon, madame la Princesse, madame de Longueville et madame de Carignan. Puis venoient les pages à cheval aussi vêtus de deuil, et tous les valets de pied autour du chariot, où étoit le corps, attelé de six chevaux caparaçonnés de velours noir avec des croix de toile d'argent ; sur le chariot, une représentation fort large et fort haute. Le chariot étoit couvert d'un grand drap de velours, avec la croix de toile d'argent aux quatre coins avec les armes, bordé d'un demi-pied d'hermine. Les quatre coins de ce poële étoient portés par quatre aumôniers en surplis et manteau noir à cheval. Après suivoient les gardes de la reine vêtus de deuil leurs, chevaux caparaçonnés, leurs carabines renversées et la crosse en haut. Puis venoit la compagnie des gens d'armes du roi, [qui] fermoit le convoi. Tous ceux qui étoient du convoi portoient un flambeau blanc à la main.

» L'ordre n'y fut pas bien observé : car cette pompe marcha à trois fois et non pas d'une seule suite, faute de s'entendre.

» Le corps de la reine mère avoit été gardé dans le Louvre, et toujours il y avoit eu des évêques et des abbés de la part du clergé, deux duchesses et deux dames de la cour, des religieux capucins et feuillants et des ecclésiastiques de la paroisse. Le peuple y avoit été admis pour prier Dieu pour elle, y ayant des gardes pour empêcher la foule. »

 


 

NOTES

1. Deuxième partie, fo 428 vo et 129 ro.

2. Mademoiselle de Montpensier, qu'Olivier d'Ormesson appelle ordinairement Mademoiselle d'Orléans.


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