Bellonius on the Bittern
A note to Pseudodoxia Epidemica, Book III, chapter 27

From Pierre Belon du Mans (1555) Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, escrite en sept livres, Book IV, chap. IV, pp. 192-193.

Du Butor.

CHAP. X.

LES Grecs ont eu bonne raison de mettre le Butor entre les especes des Herons. C'est un oyseau assez commun en touts lieux, & en France: & duquel l'appellation Françoyse se resent beaucoup de son antique appellation Latine. Car il est conté en Pline, au quarente-deuxiesme chapitre, du dixiesme livre, que les Latins ont nommé un oyseau Taurum, à cause de son cry. Aristote l'a nommé au 18. chap. du 9. livre, Astirias, qu'on a tourné Stellaris, qui signifie Estellé, pource qu'ayant le corps de Heron, & estant d'autre couleur, est merqueté de diverses taches. Il fut aussi nommé Phoix, dit il, suyvant la fable d'un Esclave paresseux nommé Phoix, qui fut transmué en Butor. Encor pour le jourdhuy nostre vulgaire se ersent de son antiquité sur ce passage, qu'en injuriant un homme paresseux, pense l'outrager de le nommer Butor. Cest oyseau a celà de particulier, qu'il essaye tousiours à crever les yeux. Pour laquelle chose les païsants qui en prennent, les voulants garder en vie, & estants advertis de ce vice, les tiennent tousiours ciglez. Il est de la grandeur d'un Heron, mais ses jambes sont plus courtes. Et au lieu que les plumes d'un Heron sont cendrees, cestui-cy les a Rouännes, merquetees de taches brunes par le travers. Son col est long d'un pied & demy, bien entourné de plumes palles, distinguees de taches noires, & dont est mieux garny dessus que dessous. Les plumes qui couvrent le sommet de sa teste, sont noires. Il a les trous des ouyës larges, entournees de petites plumes fauves. Son bec est droit, beaucoup moindre que celuy du Heron, ayant bien quatre doigts de longueur, de couleur entre cendree & plombee, & trenchant par les bords, gros comme le doigt, & poinctu par le bout, creux par dedens, & coché de petites entailleures, duquel la partie d'embas s'emboiste en celle de dessus, tellement qu'il en appert quasi carré & canellé par dessus. Il est garny de plumes noirastres. Les plumes de dessous son bec en l'endroit ou il a la langue, sont blanchastres. Il a les ælles grandes, chacune contenant vingt-quatre grosses plumes, & quatre en chasque petit ælleron. Sa queuë est courte, en laquelle y a huit plumes qui ont gros tuyaux. Il a aussi les yeux rouges non totalement ronds, & les paupiëtes sans poil. Ses jambes ont bien un pied de long, qui sont de couleur entre jaulne & plombé. Aussi a de grands doigts es pieds, & desquels on a acoustumé enchasser les ongles en fin metal, pour faire des curedents: mais principalement celuy qui est en l'ergot de derriere, est plus long que nul des autres. Il a le siflet, que les Latins appellent l'aspre Artere, tout rond, fermé & gros quasi comme le doigt, & est continué d'anneau, qui n'ont aucune separation, comme en celuy de plusieurs autres oiseaux. Il a cinq costes entieres de chasque costé, & une moindre. Et tout ainsi comme les oyseaux changent ordinairement leurs appellations selon diverses contrees: tout ainsi le Butor change son nom en Bretagne, ou il est appelé Galerand. Il encruche son nid dessus les rameaux des haults arbres, & le fait de Buchettes ou il pond trois ou quatre œufs. C'est bien à s'esmerveiller qu'Aristote, qui a escrit l'histoire des animaux soigneusement, a laissé ce que dirons du Butor, c'est que quand il se trouve à la rive de quelque estang ou marais, mettant son bec en l'eau, il fait un si gro son, qu'il n'y a beuf qui peut crier si haut. Car il fait retentir les confins de tel son, qu'on l'oit d'une demië lieuë de loing, dont il a gaigné son nom Latin Taurus. Aristote disoit au dishuitiesme chap. du 9. livre, Sed Asteria quæ & Ocnos, id est pigra cognominata est, (ut cognomen sonat) iners otiosaque est. La fable racontee d'un serviteur paresseux mué en cest oyseau, est ancienne & de vray le Butor cheminant, va le plus lentement qu'on scauroit dire. Il est d'une saveur mal plaisante à qui ne l'a acoustumé, toutesfois qu'il est entre les delices Françoyses. Les Veniciens n'en font pas grande estime. Pour l'intelligence de son portraict, encor qu'il ait le col long si est-ce que se tenant coy, il retire sa teste pres de ses espaules, & cache son col dedens ses plumes: tel la veu le peintre, toutesfois chacun estimant sa contenance, s'assure de le voir au naturel.

Herodias asterias & Ocnos en Grec, Ardea stellaris & Bostaurus en Latin, Buton en Francoys.

Belon's Bittern

Ὁ ἀστερίας ἐρωδιῶν τρίτον γένος, ὁ ἐπικαλούμενος ὄκνος μυθολογεῖται μὲν γενέσθαι ἐκ δούλων τὸ ἀρχαῖον, ἔστι δὲ κατὰ τὴν ἐπωνυμίαν τούτων ἀργότατος. Arist. lib. 9. cap.1.1


NOTES

1. A portmanteau (with changes) of Hist. Anim. 609b.21-22 and 617a.5-7.


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