Bellonius on the Swan
A note to Pseudodoxia Epidemica, Book III, chapter 27

From Pierre Belon du Mans (1555) Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, escrite en sept livres, Book III, chap. I, pp. 151-152.

Du cygne.

Chapitre Premier.

LE CYGNE est diction venuë des Grecs: car les Latins di[s]ent Olor. Entre les oyseaux de riviere le Cygne est de plus grande corpulence, comme des terrestres est l'Autruche. Et pource qu'il est cogneu d'un chascun, n'est ia besoing le descrire par le menu. Le proverbe du vulgaire, enseigne qu'il est tout blanc, d'autant qu'on dit etre blanc comme un Cygne. Son bec, ses iambes, & pieds sont noirs. Son bec seroit semblable à celuy d'une Oye, n'estoit qu'il est quelque peu plus rond, ayant une bute noire par le dessus, qui touche la teste. Les deux costez des temples au dessous des yeux sont noirs, comme est du cuïr poly. Aristote sçachant que le Cygne est oyseau cogneu d'un chascun nous a laissé peu de merques à le bien sçavoir discerner, sinon qu'il a seulement dit en l'histoire des animaux, que les Cygnes sont oyseaux de pied plat, vivants environ les lacs, & palus, & qu'ils ne sont ignorants des bonnes meurs, & bonne maniëre de vivre, & de bien conserver & nourrir leurs petits, & se nourrir en vieillesse: & que si l'Aigle les assaut, ils se defendent tellement qu'ils en sont superieurs, qui toutesfois ne se combatent iamais s'ils ne sont premiërement assaillis. Aristote donne assez à entendre qu'il en a beaucoup escrit par le rapport des mariniërs: car au douziesme chapitre, du neufiesme livre des animaux, escrivant que les Cygnes chantent quand ils veulent mourir, il ne le dit pas pour les avoir ouys. Ils s'en volent bien avant en la mer (dit il) & y a quelques uns qui ont navigué en la mer d'Afrique, qui nous ont rapportée en avoir veu plusieurs chantants de voix lamentable. Et combien qu'Aristote n'ait totalement descrit le Cygne, ce n'est pas qu'il ne l'ait bien veu & consideré par le menu iusques, à en avoir descrit son anatomië interiëure en ceste sorte. Appendices quasdam habet Olor, paruas infra apud intestinum. Cela nous signifie que pour avoir l'intelligence plus certaine de la difference des animaux, ne se faut desdaigner de leurs regarder les entrailles. Tous oyseaux ont naturellement deux intestins, que les medecins ont nommé Cæci, qui accompagnent le droit boyau de costé & d'autre, & qui commencent depuis que celuy, que les Latins nomment Ileon, finit. Il n'y a oyseau qui n'ait lesdicts intestins les uns plus grands, les autres plus petits. J'interprete d'Aristote Appendices: mais les poyssons, qui n'en ont certain nombre, les ont tousiours sur l'endroit de la caillette, & sont nommez Apophyses.

Cygnus en Grec, Olor en Latin, Cygne en Francoys.

A Swan

kai\ oi( ku/knoi d' ei)si\ me\n tw~n steganopo/dwn, kai\ bioteu/ousi peri\ li/mnaj kai\ e(/lh, &c. Arist. lib. 9. cap. 12. Item, d' oi( ku/knoi kai\ a)llhlofa/goi ma/lista tw=n o)rne/wn. lib. eod. cap. 1.1

Nature a baillé les iambes moult courtes à touts oyseaux qui nagent sur l'eau, mais ont les pieds larges. Et les Cygnes ayants à vivre sur les marais, ont les cols longs pour arriver bien bas au fond de l'eau, car ils se paissent des fanges qui sont au fond, qui est la raison que les Hebreux l'ont iugé oyseau immonde, c'est à dire, mal net. Nous voyons que les Cygnes ont baillé plusieurs occasions aux Poëtes de faindre leurs fables, & dont les peintres suyvants l'invention des Poëtes ont ia remply beaucoup de tableaux de belles peintures, & principalement de Læda, qui estoit femme de Tyndarus Roy de Laconye: Et Iupiter estant amoureux d'elle, se transmua en Cygne pour en iouïr: dont advint qu'elle enfanta deux œufs, l'un fust esclore Poulux & Helene, de l'autre naquirent Castor & Clitemnestra. Ouide l'a ainsi declaré en ses epistres.2

Dat mihi Læda Iouem Cygno decepta parentem.

Les Cygnes sont oyseaux exquis es delices Françoyses: car l'on a accoustumé de les nourrire es douues des chasteaux situëz en l'eau. L'on n'a guere coustume de les manger, si non es festins publiques, ou es maisons des grands Seigneurs.


NOTES

1. Hist. Anim. 615a:31-32; 610a:2-3. Bellonius's Greek differs slightly and in unimportant details from the version given here.

2. Ovid, Heroides XVII, 57.


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