URL courte pour cette page :
bit.ly/MAUCPL25


[Une grande partie de mon site vous sera inutile si vous naviguez sans les images !]
courrier :
William Thayer

[Lien à des pages d'aide]
Aide
[Lien au niveau immédiatement supérieur]
Amont

[Lien à ma page d'accueil]
Accueil
précédent :

[Lien à la page précédente]
XXIV

Cette page reproduit un chapitre de
Sous le ciel pâle de Lithuanie

de Jean Mauclère

Librairie Plon
Paris, 1926

dont le texte relève du domaine public.

Cette page a fait l'objet d'une relecture soignée
et je la crois donc sans erreur.
Si toutefois vous en trouviez une,
je vous prie de me la signaler !

[image ALT: a blank space]
 p207 

[Bandeau décoratif : Une femme, debout, pensive, dans un jardin fleuri clos d'une palissade en bois, entre deux cabanes également en bois.]

XXV

Derniers entretiens

Après six semaines d'études, dont le charme d'un pays peu connu a su faire un plaisir, voici venu le temps de regagner la France. Le voyageur, faisant le bilan de ses impressions à son retour à Kaunas, commençait, non sans quelque regret, de bourrer ses valises. Il fut avisé à ce moment que M. Carneckis, auquel il avait désiré présenter ses devoirs, était prêt à le recevoir au ministère des Affaires étrangères.

Le ministre, après avoir affirmé les très vives sympathies que lui-même, et avec lui tout le gouvernement dont il fait partie, nourrit à l'égard de la France, aborda des questions générales très élevées.

M. Carneckis dépeignit la situation de la jeune République, obligée, par suite d'une immédiate proximité géographique, de demander 50 à 56 pour 100 des échanges commerciaux nécessaires  p208 à sa vie, à l'Allemagne qui lui a laissé de tragiques souvenirs de guerre.

M. Carneckis se tut, et je respectai son silence. Vienne, pensais‑je, le jour où l'Allemagne, pour une raison quelconque, voudrait entraîner dans son sillage la Lithuanie, elle disposerait de moyens de pression contre lesquels, dans l'état actuel des choses, le gouvernement de Kaunas ne lutterait qu'avec la plus grande difficulté.

Cette éventualité apparaît cruelle aux dirigeants lithuaniens, dont j'ai pu apprécier la francophilie. Afin d'obvier à ce péril, il ne faudrait pas que la moitié du commerce de la Lithuanie demeurât aux mains de l'Allemagne. M. Carneckis, précisément, me dit qu'il est désireux de voir s'intensifier dans une importante proportion les relations économiques franco-lithuaniennes ; de préférence par la voie maritime de Klaipéda, afin d'accroître la prospérité de ce port.

Mais peut‑on commercer beaucoup lorsqu'on se connaît si peu ? Le cabinet de Kaunas serait heureux que la France connût davantage la Lithuanie, et la Lithuanie la France. Pour y parvenir dans le plus bref délai possible, le ministère serait favorable, conclut Son Excellence, à la création d'un Institut français.

Des entretiens ultérieurs m'ont permis d'aborder la même question avec M. Balutis, directeur du département politique du ministère des Affaires étrangères, et M. Bielskus, secrétaire  p209 général de la présidence de la République ; j'ai trouvé l'un et l'autre dans les mêmes dispositions que M. Carneckis. C'était le plus beau couronnement à mon essai de rapprochement intellectuel franco-lithuanien.

Cependant il fallait partir. Après avoir affectueusement serré la main de T…, j'ai vu fuir derrière la glace de ma cabine les lignes souriantes ou austères de paysages déjà familiers. Pineraies déployant au loin les splendeurs de votre sombre fourrure, maisonnettes de bois ciselées comme des logis d'opérette, rivières coupées par le bec aigu des brise-glaces, est-ce un adieu que je vous dis ce soir ? L'avenir en décidera. Quoi qu'il en doive être, si je sais faire connaître à mon pays et l'énergie de votre peuple et votre charme profond, je n'aurai pas perdu le temps de mon bref séjour sous le ciel pâle de Lithuanie.


[HTML 4.01 valide.]

Page mise à jour le 13 janv 25

Accessibilité