Boo the Cat. Hoorah!

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CHAPITRE XXI.

(juillet 1655 – janvier 1656)

Le premier jour de juillet, il vint un sergent à Saint-Fargeau pour signifier à Préfontaine de ne rien expédier pour Dombes ni pour mes terres de Normandie, que de concert avec [les gens] de Son Altesse royale.1 Il envoya à tous les fermiers dire que l'on ne me payât pas qu'il ne l'eût été. Je laissai faire tout cela le plus paisiblement du monde ; je pressois toujours madame de Guise de me montrer ce qu'elle m'avoit promis ; elle temporisoit. Un jour que Nau étoit allé voir M. de Cumont, pendant qu'il étoit allé parler à quelqu'un, il trouva les choses qu'ils avoient arrêtées avec madame de Guise, et les copia en grande diligence ; et cela lui donna lieu de disputer avec elle plus fortement qu'il n'avoit fait. Monsieur envoya à ces messieurs pour savoir leurs sentiments ; ils lui mandèrent tout franc ce qu'ils avoient fait, et que la transaction avoit été dressée sans leur participation. Cela déconcerta toutes les mesures, et donna lieu à Goulas et à tous les gens mal intentionnés pour moi de dresser de nouvelles batteries ; ce qui leur réussit, comme l'on verra.

J'étois dans mon château de Saint-Fargeau, où, après avoir donné ordre à mes affaires (ce que je faisois deux fois la semaine pour l'ordinaire), je ne songeois qu'à me divertir. Madame la comtesse de Maure2 et mademoiselle de Vandy3 me vinrent voir en revenant de Bourbon ; ce me fut une visite très-agréable, étant des personnes de beaucoup d'esprit et de mérite, que j'estime fort. Mesdames de Monglat, Lavardin4 et de Sévigné5 y vinrent exprès de Paris : la première y avoit été déjà deux fois ; madame de Sully y vint pendant qu'elles y étoient, et M. [le comte] et madame la comtesse de Béthune, qui s'en alloient aux eaux de Pougues. Tout cela faisoit une cour fort agréable. Il y avoit aussi M. de Matha, qui commençoit à être amoureux de madame de Frontenac ; son mari, Saujon et d'autres gens [s'y trouvèrent]. Nous allions nous promener dans les plus jolies maisons des environs de Saint-Fargeau, où l'on me donnoit des collations ; j'en donnois dans de beaux endroits des bois avec mes violons ; enfin on tâchoit à se divertir.

Le comte de Béthune me témoigna que Monsieur étoit fort étonné de tout ce qu'il voyoit, et qu'il avoit grande passion de voir son affaire finie avec moi, et qu'il lui avoit dit : « Il y a des gens qui m'ont conseillé d'user de violence avec ma fille, de la mettre dans le château d'Amboise, et que là je lui ferois faire tout ce qui je voudrois et à ma mode. Pour moi, qui n'ai pas l'esprit violent, je n'en veux pas user ainsi. » Le comte de Béthune le loua fort de n'avoir pas écouté de si mauvais conseils ; et, dans la crainte que l'on ne lui en donnât pendant qu'il seroit aux eaux, lui dit : « Puisque Votre Altesse royale me fait paroître tant de désir de sortir d'affaire à l'amiable avec Mademoiselle, je m'en vais la trouver, et je suis assuré que je la trouverai dans la même disposition, et que je rapporterai à Votre Altesse royale, toute sorte de satisfaction ; mais aussi je la supplie que, pendant mon absence, il ne se passe rien, et que Votre Altesse royale ne se laisse point aller aux mauvais conseils que l'on lui pourroit donner. » Son Altesse royale donna sa parole au comte de Béthune, que même il ne m'écriroit point qu'après son retour.

Le comte de Béthune lui écrivit de Saint-Fargeau et lui manda : « J'ai parlé à Mademoiselle de ce que Votre Altesse royale m'a ordonné ; je l'ai trouvée dans toutes les dispositions possibles de lui plaire en toutes choses, et de tâcher d'avoir ses bonnes grâces, et en dessein de favoriser mesdemoiselles ses sœurs ; mais comme le détail des choses qu'elle m'a dites sur les affaires, que vous avez ensemble, se peut mieux dire qu'écrire, j'en rendrai compte à Votre Altesse royale, que je puis encore assurer qu'elle aura toute satisfaction de Mademoiselle, et qu'en attendant que j'aie l'honneur de la voir, je la supplie de se souvenir de la parole qu'elle m'a donnée de ne se point laisser prévenir par des gens qui ne veulent que la discorde dans sa famille, et qui sont fort mal intentionnés pour l'un et pour l'autre. » Comme le comte de Béthune eut écrit cette lettre, j'eus l'esprit en repos, après les paroles que Son Altesse royale lui avoit données, et celle qu'il (le comte de Béthune) lui donnoit de ma part.

Pendant que le comte de Béthune étoit à Saint-Fargeau, je reçus nouvelle de Paris que j'avois gagné mon procès contre le duc de Richelieu ; que je lui rendrois le Bois-le-Vicomte et que je rentrerois dans Champigny6 ; qu'il me paieroit les démolitions de ma maison, et que lui auroit recours contre Monsieur, qui s'y étoit engagé à son propre et privé nom ; que, dans quinze jours, le duc de Richelieu opteroit s'il rebâtiroit ma maison, ou s'il me donneroit de l'argent pour le rebâtir ; que le rapporteur, qui étoit M. Madelaine,7 iroit sur les lieux et prendroit des experts pour évaluer les bâtiments et les bois dégradés ; qu'il iroit aussi au faire ; mais que je ne répondrois point des réparations superficielles, dont la cause seroit venue des fondements et de la mauvaise situation de lieu.

Cet arrêt me donna une joie infinie ; mais ce recours de M. de Richelieu contre Monsieur me déplut fort ; car je jugeai bien que c'étoit une semence de division nouvelle. Pour Chaunant, qui étoit un fief que madame de Guise avoit vendu au cardinal de Richelieu pendant la minorité de ma mère et dans le temps que l'on parloit de son mariage avec Monsieur, il auroit été assez difficile de ne le pas donner ; et comme il fut incorporé à la duché de Richelieu, qui est toute de pièces et de morceaux, et qu'il y a un côté de la basse-cour bâti dans ce fief, les juges ordonnèrent qu'il (le duc de Richelieu) me le paieroit, selon sa commodité8 et l'incommodité que j'en recevrois, qui, à dire le vrai, n'est pas grande, Chaunant étant à une lieue de Champigny.

On apprit en ce temps-là ce que l'on n'avoit point su, que Goulas avoit excédé son pouvoir, en faisant garantir Monsieur en son propre et privé nom, et c'est ce qui fit que les juges donnèrent recours à M. de Richelieu contre Monsieur. On dit en ce temps-là que son affaire avoit été mal défendu, et que M. de Choisy ne l'avoit point sollicitée pour faire dépit à Goulas. La vérité est que Goulas ne s'étoit pas vanté de ce qu'il avoit fait, et que, s'il l'eût dit, on y auroit pu remédier ; mais il tenoit cela fort caché. La rage qu'il eut de cette affaire fit que pour couvrir sa faute il la jeta sur Préfontaine et sur Nau, et dit à Monsieur que c'étoient eux qui avoient embarqué la chose, et qui étoient cause que je l'avois remuée. Monsieur étoit prévenu faussement que c'étoit eux qui me mettoient dans la tête ce compte de tutelle ; madame de Guise se joignit à Goulas, et il prit résolution de les ôter de mon service.

Le 9 de septembre l'on me vint éveiller pour me dire que M. de Saint-Frique étoit là de la part de Son Altesse royale. Je le fis entrer ; il me donna une lettre qui étoit assez aigre pour moi, par laquelle Son Altesse royale me commandoit d'ôter Nau de mon service, et de lui obéir. Dans l'instant je me levai et je m'en allai dans la chambre de madame de Frontenac, où étoient son mari et la comtesse de Fiesque. J'envoyai chercher Préfontaine ; je leur lus la lettre, pleurant, et je leur dis : « Elle est bien différente de celle qu'il m'écrivit à Orléans ; il avoit besoin de moi en ce temps-là, et à cette heure je lui suis inutile. »

Je fus fort touchée de ce mauvais traitement, et assurément il est assez inouï qu'à une personne qui a vingt-cinq ans passés9 on lui chasse ses domestiques, et qu'il ne lui soit pas permis de se servir de qui il lui plaît. Comme l'on verra, Nau est un homme qui ne sait ce que c'est que du monde et de la cour, qui n'a jamais bougé du palais ; aussi ne l'ai-je pas pris pour un homme d'intrigue, mais pour débrouiller les procès qu'il avoit plu aux gens de Monsieur de me laisser. A l'égard de mes affaires avec Monsieur, on l'accusoit le plus faussement du monde de m'avoir rien mis dans l'esprit ; car comme j'ai déjà dit : la chose fut commencée par l'ordre de Monsieur, et toutes les semaines Nau me mandoit ce qu'il avoit résolu avec mon conseil. Sur quoi je lui écrivois moi-même ce que je voulois que l'on fît, et souvent des choses tout opposées à son avis, et je lui mettois [dans mes lettres] : « Vous êtes plus habile que moi ; mais ce sont mes affaires ; c'est mon bien ; je veux que l'on agisse à ma mode. » Il me sembla après cela qu'il est bien injuste de se prendre à des domestiques de ce qu'ils font pour le service de leurs maîtres, quand les maîtres font tout eux-mêmes et que l'on ne suit que leurs ordres ; c'est pourquoi le mauvais traitement qu'il recevoit à cause de moi, je le prenois comme fait à moi-même.

Je voulus faire réponse à Monsieur ; Saint-Frique me dit : « J'ai ordre de ne point recevoir de réponse que je ne l'aie vue, parce que Monsieur n'en veut point, si vous ne lui mandez pas que vous lui obéirez, et rien autre chose. » Je lui voulus envoyer une lettre pour Madame ; il crut qu'il y en avoit une pour Monsieur ; il la refusa. J'envoyai à Blois un gentilhomme nommé L'Épinay ; Monsieur ne le voulut pas voir. Je dis dès ce jour-là à Préfontaine : « Je crains fort que cela ne vienne jusqu'à vous ; pour me réduire dans la dernière nécessité, ils voudront que je n'aie plus personne à me servir dans mes affaires. » Préfontaine, qui est sage et qui me voyoit sensiblement touchée de la perte de Nau, vouloit me détourner de l'appréhension où j'étois pour lui, voyant bien que j'en serois fort fâchée ; il me disoit : « Mais Mademoiselle, ne voyez-vous pas que Monsieur me fait l'honneur de me parler lorsque vous allez à Blois ; comme il me traite bien ? Il s'est toujours plaint de M. Nau. Il lui faut obéir, et dans peu les affaires changeront ; vous serez bien avec lui et vous obtiendrez son retour. » Je lui disois : « Je sais bien qu'il ne se plaint point de vous ; mais il dira que vous êtes ami de Nau, et que c'est vous qui l'aviez mis à mon service, et qu'ayant toujours agi de concert ensemble, vous êtes persuadé qu'il est habile, et que l'on prendra toujours son conseil tant que vous y serez. Ne savez-vous pas comme l'on en use, quand l'on veut faire des querelles d'Allemand aux gens ? Je connois Monsieur : il est pour moi de manière qu'il n'y a mauvais traitement que je n'en doive attendre. » Je fus depuis le jeudi jusqu'au dimanche à pleurer.

Lorsque les lettres de Paris arrivèrent, j'ouvris un paquet de M. Le Roi, frère de Préfontaine, à qui il envoyoit une lettre qu'il avoit reçue de Monsieur. Avant que de l'ouvrir, je lui dis : « Voici votre congé ! » Nous fûmes quelque temps lui et moi sans la pouvoir lire. Enfin je lus, et je vis que Son Altesse royale mandoit à M. Le Roi que la considération qu'elle avoit pour lui et pour son frère faisoit qu'il ne vouloit pas les traiter de même manière [que] Nau ; qu'elle le prioit de faire que son frère se retirât de mon service ; et ensuite des choses obligeantes pour M. Le Roi, et rien de rude ni de désobligeant pour Préfontaine. Je redoublai mes pleurs, ayant double sujet d'en verser, et avec une telle véhémence que les comtesses de Fiesque et de Frontenac vinrent dans mon cabinet ; elles savoient bien ce que c'étoit, et n'en faisoient point de semblant ; elles se mirent à pleurer avec moi. Je dis : « Ah ! c'est trop ; il ne faut point que vous me quittiez, ni Nau non plus ; voilà la plus étrange chose du monde. »

Il me vint en pensée d'écrire à la reine, et même à M. le cardinal, pour leur demander leur protection ; et d'envoyer les comtes d'Escars et de Frontenac à Blois, et mander que, dans la crainte que l'on ne continuât à porter Monsieur à en user violemment jusqu'à ma personne, je m'en allois me mettre au Val-de-Grâce jusqu'à ce que mes affaires avec lui fussent finies, puisque c'étoit la cause de ma persécution. Ces dames trouvèrent mon dessein fort bon et dirent que je ne pouvois mieux faire ; mais Préfontaine ne fut point de cet avis, et dis que les personnes de mon âge et de ma qualité ne devoient pas en user comme font les particuliers, et que de se mettre dans un couvent, cela tire à de grandes conséquences ; et que, si j'y étois une fois, on seroit peut-être bien aise de m'y laisser, lorsque j'en voudrois sortir ; que cela fâcheroit encore Monsieur davantage ; qu'il n'y avoit point de parti à prendre pour moi que celui de l'obéissance en toute chose, et de tâcher par là d'obtenir de Son Altesse royale l'honneur de ses bonnes grâces. Je trouvai qu'il avoit raison et fus de son avis.

Je dépêchai à l'instant au comte de Béthune pour lui mander ce qui étoit arrivé, et pour le prier de me venir trouver ; ce qu'il fit deux jours après. Il fut fort étonné de ce que Monsieur avoit fait, après toutes les paroles qu'il lui avoit données ; il me parut être fort scandalisé que l'on lui eût manqué de parole. Préfontaine demeura dix jours à Saint-Fargeau après son ordre, parce qu'il en avoit beaucoup à donner pour mes affaires, et pour laisser tous mes papiers en état que je m'en pusse servir. Puis il s'en alla à l'abbaye de Grammont en Limousin, chez un de ses amis, cherchant le désert le plus éloigné qu'il put, pour montrer qu'il ne se vouloit point mêler de chose du monde.

On peut croire avec quel déplaisir il me quitta et celui que j'eus de le voir partir ; tout ce qui étoit à Saint-Fargeau en fut fort fâché, hors les comtesses de Fiesque et Frontenac, et quelques-uns de mes gens qui étoient de leur cabale. Le comte de Béthune demeura encore huit jours à Saint-Fargeau et sa femme, pendant lesquels je fus malade ; j'eus une fluxion horrible à la gorge et la fièvre, et il eût été assez difficile que je n'eusse pas eu quelque mal, m'étant fâchée, et encore dans la saison de l'automne, où j'avois toujours mal à la gorge depuis quelques années.

Quand le comte de Béthune fut parti, je ne parlois plus qu'au comte d'Escars ; car j'étois persuadée, et avec raison, que les dames qui étoient auprès de moi n'étoient pas fâchées de tout ce qui m'étoit arrivé ; ainsi je n'avois pas grand commerce avec elles. Dans ce commencement, depuis la fin de septembre jusqu'à Noël, que d'Escars s'en alla à Paris, je fus tout ce temps-là sans parler qu'à lui, à moins qu'il ne vînt du monde de dehors.

Le matin, dès que j'étois éveillée, pendant que je m'habillois, on lisoit jusqu'à la messe. Après dîner, je travaillois à mon ouvrage. On lisoit encore jusqu'à ce qu'on ne vît plus goutte. Aux flambeaux, j'allois me promener une demi-heure dans la galerie ; puis je venois travailler jusqu'à souper, après lequel je me promenois encore avec le comte d'Escars, et parlois au commis de Préfontaine, que j'avois voulu qu'il me laissât, pour compter toutes les semaines avec mes ouvriers, et pour écrire dans mes terres et expédier ce qu'il falloit ; de sorte que tous les jours il me rendoit compte de ce qu'il faisoit. Comme on écrivoit à Paris deux fois la semaine, ces jours-là je ne travaillois point ; j'allois m'enfermer à écrire. Nous avons souvent remarqué, d'Escars et moi, que pendant que je dînois ou soupois, j'avois quelquefois envie de pleurer ; les larmes me venoient aux yeux ; [les comtesses] me regardoient et me rioient au nez.

Comme M. le comte de Béthune fut arrivé chez lui, Son Altesse royale lui manda d'aller à Blois ; il y alla et le trouva fort emporté contre moi, étant en colère dès que l'on lui nommoit mon nom, et revenoit toujours à dire : « Elle n'aime point ses sœurs ; dit que ce sont des gueuses ; qu'après ma mort elle leur verra demander l'aumône, sans leur en donner. » Enfin, force choses que la colère fait dire, qui ne signifient rien, mais qui font connoître ce qui en est le principe. Il se plaignoit d'une chose que j'avois dite, que je trouvois fort plaisante : que Madame n'avoit eu en mariage que des piques et des mousquets pour armer deux régiments ; puis il disoit : « Cela est vrai, mais elle n'a pas bonne grâce de le dire en se moquant ; car en ce temps-là que je faisois la guerre, c'étoit une chose bien considérable pour moi. »

Le comte de Béthune m'envoya une grande relation de tout ce que Monsieur lui avoit dit ; mais les discours d'un homme en colère ne sont pas, pour l'ordinaire, fort [agréables] ; et ils étoient si peu à mon avantage et pour lui et pour moi, qu'il vaut mieux n'en dire pas davantage. Il témoigna au comte de Béthune trouver mauvais que le commis de Préfontaine fût demeuré. Dès que je le sus, je le renvoyai et demeurai sans qui que ce soit qui me pût servir en manière de secrétaire. Je recevois toutes les lettres de tous les officiers de mes terres, de tous les fermiers ; j'y faisois réponse ; les expéditions, je les faisois faire par le premier que je trouvois ; je les dressois, et on les copioit ; j'écrivois à Paris pour toutes mes affaires à mes avocats. Il n'a pas tenu aux gens de Son Altesse royale que je n'aie été bien habile ; car ils m'ont mise en état de la devenir. Je connus bien en ce temps-là que Préfontaine avoit eu raison de vouloir que je susse mes affaires, et de me persécuter pour les voir lorsque je n'en avois point d'envie ; car, si je les eusse ignorées, elles auroient bien plus dépéri qu'elles n'ont fait. On est bien heureux, de quelque qualité que l'on soit, d'avoir des serviteurs fidèles ; ils ne sont pas utiles seulement dans le temps que l'on les a ; mais on s'aperçoit toujours de les avoir eus. Qui m'auroit dit, du temps que j'étois à la cour, que j'aurois su combien coûte la brique, la chaux, le plâtre, les voitures, journées des ouvriers, enfin tous les détails d'un bâtiment, et que tous les samedis j'aurois arrêté leurs comptes ; cela m'auroit bien surpris ; et si (cependant) j'ai fait ce métier-là un an et plus, que je n'avois personne à qui je m'en voulusse confier.

Lorsque Préfontaine vint à mon service, ce fut la première année que Monsieur me donna la jouissance de mon bien. Je fus si aise d'en avoir, d'en dépendre10 et d'en faire, que je passai mon revenu de plus de trois mille francs. Je ne diminuai point ma dépense ordinaire les années d'après, ni même pendant mon exil ; je l'augmentai, ayant des chiens courants et des chevaux plus qu'à l'ordinaire. Il venoit beaucoup de compagnies me voir ; je bâtis, et si, avec tout cela, mon trésorier n'étoit point ou peu en avance, lorsqu'il a quitté mon service, on peut attribuer tout cela à sa bonne conduite ; car M. d'Herbigny, conseiller au parlement, n'a été que deux ans mon intendant et agissoit peu. Pour Nau, il ne faisoit rien que par les ordres de Préfontaine, et pour ces sortes d'affaires de mon domestique, il s'en mêloit peu, entendant mieux celles du palais, dont Préfontaine ne se mêloit guère, n'en ayant pas de connoissance, et n'étant pas d'humeur d'agir dans les choses où il ne croyoit pas être tout à faire capable.

Voilà donc où ils laissèrent mes affaires, quand ils s'en allèrent. J'étois sur le point de conclure avec M. le duc de Mantoue l'acquisition du duché de Nevers ; je lui en offrois huit cent mille écus, et je pense que je l'aurois eu pour ce prix. Madame de Guise me pressoit d'acheter le comté d'Eu, que j'aurois acheté aussi la même somme ; il faut être en bon état pour faire de telles acquisitions. Voici de quoi je les prétendois payer : de beaucoup de bois que j'ai ; de l'argent de Champigny, que M. de Richelieu me devoit donner ; et, comme madame de Guise avoit soixante et dix ans, je regardois sa succession comme une chose assurée dans peu d'années ; et, quand on se veut régler, le revenu de deux grandes terres paye tous les ans de grands intérêts et en rachète. Ainsi, je trouvois que tout cela se pouvoit faire sans m'incommoder ; mais le départ de mes gens renversa tous mes desseins, et me fit réduire à conserver ce qui me restoit le mieux qu'il me seroit possible et avec bien de la peine, sans songer à en acquérir davantage.

On signifia l'arrêt de Champigny à madame d'Aiguillon, aussitôt après qu'il fut donné ; et ce fut deux ou trois jours après que Monsieur eut ordonné à Nau de se retirer de mon service ; car Son Altesse royale envoya à Paris lui en faire commandement avec beaucoup de rudesse. Madame d'Aiguillon répondit au sergent : « Quoi ! les gens de Mademoiselle songent encore à cette affaire, comme si on ne les avoit point fait chasser pour cela ? » Ce qui me parut bien imprudent à elle, et un grand manque de respect envers une personne comme moi. J'appris aussi que quelques personnes de ses amis lui ayant été faire des compliments sur la perte de son procès, elle avoit dit : « Je ne m'en mets point en peine : les gens de Mademoiselle qui ont agi en cette affaire en pâtiront, et ne les ayant plus, elle sera bien embarrassée dans la suite, et j'ai assez d'amis auprès de Son Altesse royale pour y maintenir mes intérêts, et je pense qu'ils ne se raccommoderont jamais ensemble, que je n'y trouve mon compte. » Ce discours est encore moins prudent que le premier, et part bien d'un esprit élevé dans un fortune insolente et né dans une grande bassesse.

J'apprenois de tous ceux qui avoient vu Son Altesse royale qu'elle ne se plaignoit de Préfontaine que de ce qu'il ne s'étoit pas voulu séparer des intérêts de Nau, et même il [Préfontaine] me dit, devant que de partir, que pendant mon voyage à Blois madame de Puisieux11 lui avoit dit, de la part de Son Altesse royale, qu'elle se plaignoit de ce qu'il étoit des amis de Nau, et qu'il le maintenoit auprès de moi, et que Son Altesse royale désiroit qu'il s'en séparât, parce qu'elle avoit de l'estime et de l'amitié pour lui, et que c'étoit la seule chose qu'elle y trouvoit à redire.

Préfontaine lui répondit : « Il est vrai que c'est moi qui ai donné M. Nau à Mademoiselle, parce que j'ai cru qu'il étoit capable de la bien servir, et je le crois encore, et le moment que je verrai le contraire, je serai le premier à dire à Mademoiselle qu'il faut qu'elle le chasse ; mais ne voyant rien en lui contre son devoir, je le servirai comme mon ami. Tout le défaut qu'il a, c'est de déplaire à M. Goulas, et il est bien malheureux que cela lui ait attiré la haine de Son Altesse royale. Je ne sais pas ce qu'elle veut que je fasse sur son sujet ; mais pour moi, je ne conseillerai jamais à Mademoiselle de chasser un homme qui la sert bien, pour faire ma cour auprès de Monsieur, et vous connoissez assez Mademoiselle, madame, pour savoir qu'elle ne prend conseil12 de personne. Quand elle en demande, c'est pour avoir le plaisir de ne le pas suivre, et personne du monde ne peut lui faire rien faire que ce qu'elle a dans la tête, et Monsieur la connoissant, je m'étonne comme il se prend à quelqu'un des choses qu'elle fait. »

Je grondai Préfontaine de ne m'avoir point dit cela plus tôt ; il me dit : « Cela n'auroit servi qu'à vous faire déchaîner de nouveau contre Goulas, et à dire des choses qui auroient aigri Monsieur, et n'auroient servi de rien. J'ai toujours cru que je n'avois qu'à faire mon devoir, et que tôt ou tard Monsieur connoîtroit que je suis un homme de bien qui vas mon chemin et ne me mêle de rien. » La plainte de Son Altesse royale sur son sujet étoit assez extraordinaire ; car qu'est-ce que Préfontaine pouvoit faire contre Nau tant que je l'aurois voulu garder à mon service ? Car, quand il m'en auroit dit du mal, je ne l'aurois pas cru. Je ne suis point comme les autres personnes de ma condition, auprès de qui les mauvais offices font effet contre les gens de bien. Quand je suis prévenue de bonne opinion pour quelqu'un par la connoissance que j'en ai, je ne change point, s'ils ne font des choses qui me donnent occasion de changer.

L'embarras de mes affaires étoit assez grand pour me faire oublier bien des choses.13 Au mois de février de cette malheureuse année, je fus à Lésigny, à six lieues de Paris.14 Cette maison étoit à vendre, et j'avois envie d'en acheter une ; je la fus voir à ce dessein ; mais je ne la trouvai pas à ma fantaisie. Il vint du monde de Paris me voir ; mais j'eus beaucoup plus de compliments que de visites. J'avois fait tout le monde malade ; car tous ceux qui ne m'osèrent mander qu'ils craignoient de se brouiller à la cour feignirent des maladies ou des accidents, de sorte que je n'en ai jamais tant vu. J'envoyai faire un compliment à Leurs Majestés, et j'avois chargé celui que j'y avois envoyé de dire, sans qu'on [le] lui demandât, que je m'en retournois dans deux jours.15 Tout le séjour que je fis à Lésigny ne fut que de trois ou quatre jours.

J'envoyai querir MM. Guenaut et Brayer, médecins célèbres de la Faculté de Paris, pour les consulter sur mes maux de gorge et de tête. Ils s'étonnèrent, en voyant mon visage, et apprenant comme je dormois et mangeois bien, que je pusse être malade. Ils me dirent que ces maux me feroient vivre cent ans, et que c'étoit tout le mal qui m'en arriveroit à la longue ; qu'ils me conseilloient de prendre des eaux de Saint-Mion cinq ou six jours, et ensuite de celles de Forges.* Comme je fus de retour de ce malheureux voyage de Blois, je me purgeai pour me mettre en état de prendre les eaux. J'en envoyai querir, et comme je commençai par celles de Saint-Mion, je les trouvai si âcres que je n'en bus qu'un verre.

Il arriva à Paris une aventure assez nouvelle16 : Bartet, secrétaire du cabinet du roi, et qui étoit tant célèbre par ses voyages pendant que le cardinal Mazarin étoit en Allemagne, dit un jour dans les Tuileries, comme l'on parloit de M. de Candale et de sa bonne mine : « Je le voudrois voir sans canons,17 et sans moustaches, je crois qu'il ne seroit pas mieux qu'un autre. » M. de Candale sut cela et s'en estima offensé, parce que des ennemis de Bartet furent bien aises de le pousser par M. de Candale, ne l'osant faire eux-mêmes ; de sorte qu'étant prévenu qu'il devoit faire un éclat, un jour, dans la rue Saint-Thomas-du-Louvre, quatre ou cinq hommes à M. de Candale, sans masques et fort connoissables, firent arrêter son carrosse, lui coupèrent les cheveux,18 et lui déchirèrent ses canons, et lui dirent que c'étoit pour lui apprendre à parler d'une personne de la qualité de M. de Candale.

Cette affaire fit beaucoup de bruit : les uns l'approuvèrent, les autres la blâmèrent, comme toutes les choses du monde ; il y a des partisans pour et contre. Bartet n'étoit pas aimé19 : on étoit bien aise qu'il lui fût arrivé quelque déconvenue ; on s'étonnoit que M. de Candale eût fait un tel éclat pour si peu de chose. Cela eut son temps20 ; il partit peu après pour s'en aller en Catalogne ; il passa par Saint-Fargeau, et me conta qu'à chaque pas qu'il faisoit il rencontroit des gens qui lui disoient : « Prenez garde ; Bartet vous attend. » Même on lui vint donner un pareil avis à Saint-Fargeau ; il envoya un gentilhomme reconnoître, qui lui dit qu'il avoit passé quelques cavaliers qui demandoient s'il étoit passé, de sorte que, comme il partit de Saint-Fargeau, MM. de Matha, d'Escars, Saujon, qui étoient à Saint-Fargeau, et force gentilshommes, tant à moi que du pays, l'allèrent accompagner ; mais ils ne rencontrèrent rien.

Revenons à mes affaires ; j'en étois accablée, et de chagrin. Dès que je fus tout à fait brouillée avec Son Altesse royale, j'écrivis à M. le Prince, qui m'en témoigna beaucoup de déplaisir et de ressentiment contre les gens de Monsieur qui agissoient contre moi, et m'offroit de se porter contre eux à toutes les extrémités, sans nul égard pour Son Altesse royale, si je jugeois que cela me fût utile, et qu'il n'en auroit jamais pour personne où il iroit de mes intérêts, après les obligations qu'il m'avoit. Je lui fis réponse que ce que l'on feroit présentement ne me seroit point utile ; que j'étois bien aise de connoître sa bonne volonté ; qu'en l'état où j'étois, brouillée avec la cour et avec mon père, il me sembloit que, si on me vouloit persécuter, on prendroit occasion sur le commerce que j'avois avec lui ; que je le priois de ne me plus écrire ; que, si j'étois bonne à quelque chose pour son service, je ne le ferois pas ; et qu'il avoit bien vu que, tant que j'avois pu, j'avois tenu bon ; mais que maintenant il falloit se rendre, et que, si je trouvois à pouvoir, avec honneur et sans faire de bassesse, prendre des mesures avec le cardinal Mazarin, je le ferois pour me tirer des persécutions de Son Altesse royale ; que je croyois qu'il trouveroit cela à propos, et que je le souhaitois, parce que je voyois que la nécessité m'obligeoit à le faire.

Peu après, le comte de Béthune passa à Saint-Fargeau, revenant de Blois, et s'en allant à Paris. Je lui dis : « Eh bien ! monsieur le comte, vous croyiez que l'exil de mes gens ne dureroit que deux mois, et il y en a trois passés sans qu'il y ait espérance de retour. » Il me répondit : « Il faut patienter ; le temps amène tout. » Je lui fis de grandes plaintes de la mauvaise conduite de la comtesse de Fiesque et madame de Frontenac ; cette dernière l'alla trouver pleurant, et lui témoigna le déplaisir qu'elle avoit que je ne la traitasse pas comme à l'ordinaire. Il s'y laissa si bien duper, et moi aussi, qu'il nous raccommoda ; elle pleura encore beaucoup, me faisant paroître une grande tendresse pour ma personne, et blâmant la conduite de la comtesse de Fiesque, me disant qu'elle renonceroit à tout commerce avec elle, hors celui à quoi la bienséance l'obligeoit.

Le comte de Béthune s'en alla à Paris, et m'écrivit que M. le cardinal lui avoit parlé de moi avec des témoignages d'estime, et qu'il étoit bien fâché de quoi il ne me pouvoit servir ; mais que de crainte que Son Altesse royale ne les voulût obliger21 à me persécuter sur le commerce que j'avois avec M. le Prince, il falloit que je le fisse cesser. Le comte de Béthune lui donna sa parole qu'il finiroit, et m'en écrivit. Je lui fis réponse d'une manière à montrer à M. le cardinal :22 je ne désavouois point mon commerce passé, et je promettois positivement de n'en plus avoir à l'avenir, et même je disois que je l'avois mandé à M. le Prince.

On jugea à propos que Préfontaine allât à Paris, et Nau, pour témoigner à Son Altesse royale qu'il ne pensoit plus à revenir à mon service, voulut acheter une charge de conseiller à Metz. Je voulois que Préfontaine en eût une de maître des comptes, parce que n'ayant point étudié, il n'en pouvoit prendre une de conseiller à Paris. Cette occasion se présentoit de leur faire du bien : j'envoyai un blanc signé à Préfontaine pour emprunter de l'argent ; je voulois lui donner vingt mille écus et dix [mille] à Nau. [Préfontaine] me renvoya mon blanc signé déchiré, et me supplia très-humblement de n'en donner de ma vie, parce que l'on en peut abuser ; aussi n'en donnerai-je jamais. Il ne voulut point de mon argent ; il me manda qu'il ne m'avois pas assez bien ni assez longtemps servie pour mériter une telle récompense, et qu'en l'état où étoient mes affaires il savoit bien que j'aurois besoin d'argent ; et qu'il m'en étoit aussi obligé que si je lui en avois donné. C'est un garçon sans intérêt et fort reconnoissant. Pour Nau, il accepta mes dix mille écus, et acheta son charge ; mais Son Altesse royale y fit opposition au sceau ; de sorte qu'il en fut au désespoir. Préfontaine ne songea plus à être maître des comptes, c'est-à-dire il n'en avoit nulle envie, à ce que j'en pus connoître ; mais tous ces amis en avoient pour lui.

Il courut un bruit que M. de Lorraine étoit en liberté. J'écrivis à Monsieur et à Madame pour m'en réjouir : ils ne voulurent recevoir ni mon gentilhomme ni ma lettre.

Dans tout ce temps-là je m'informois peu de ce qui se passoit à la cour ; à peine lisoit-je les gazettes et les relations que l'on m'en envoyoit. Elle se divertissoit à l'ordinaire à des bals, comédies, et ballets ; car le roi, qui danse fort bien, les aime extrêmement. Tout cela ne me touchoit point ; je songeois que j'en verrois encore assez à mon retour. La comtesse de Fiesque et madame de Frontenac n'en étoient pas de même : car rien n'égaloit leur chagrin de n'être pas à toutes ces fêtes ; elles en faisoient sans cesse des lamentations sur un ton fort désobligeant pour moi.23 Ce qui m'étoit assez rude à souffrir, et les mettoit dans mon esprit petit à petit de la manière dont elles y sont, pour que je ne change jamais de sentiments pour elles.

 

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NOTES

1. Il s'agit toujours de Gaston d'Orléans.

2. Anne Doni d'Attichy commença par être fille d'honneur de la reine mère, Marie de Médicis ; en 1637, elle épousa Louis de Rochechouart, comte de Maure, oncle du duc de Vivonne, de madame de Thianges, de madame de Montespan et de l'abbesse de Fontevrault. Elle fréquenta l'hôtel de Rambouillet et conserva toujours des relations avec les gens de lettres. M. Cousin lui a consacré plusieurs articles dans la Bibliothèque de l'école des Chartes (T.V.C., p. 105, 313 et 489).

3. Mademoiselle de Vandy, qui était attachée à la comtesse de Maure, était de la maison d'Apremont. Elle avait une réputation d'esprit, de beauté et de vertu qu'attestent les mémoires et même les chansons de cette époque. Mademoiselle a tracé son portrait physique et moral. M. Cousin donne des détails sur mademoiselle de Vandy dans ses articles sur la comtesse de Maure.

4. Madame de Lavardin était Marguerite de Rostaing, veuve depuis 1644 de Henri de Beaumanoir, marquis de Lavardin.

5. Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné. Mademoiselle écrit Sévigny, suivant l'usage du temps.

6. Sur Champigny, voy. le premier chapitre.

7. « Consommé dans les affaires, a grand probité, se prévient de lui-même et contredit volontiers ; savant aux coutumes et arrêts, grand parleur, aimant pratique et cherchant ses intérêts raisonnables. Madame Le Cocq, sa fille, a grand pouvoir sur lui, aussi bien que M. de Saint-Martin, à cause de la religion. » Tableau du parlement de Paris.

8. C'est-à-dire d'après la commodité qu'il en retireroit et l'incommodité que j'en recevrois.

9. Mademoiselle avoit alors vingt-huit ans, puisqu'elle était née en 1627 ; mais elle cite l'âge de vingt-cinq ans, parce que c'était celui de la grande majorité.

10. Dépenser.

11. Il a déjà été question plus haut de Charlotte d'Étampes-Valencé qui avait épousé Pierre Brulart, marquis de Sillery et vicomte de Puisieux. Elle mourut le 8 septembre 1677, à l'âge de quatre-vingt ans. Pierre Brulart était mort en 1640. Saint-Simon parle plusieurs fois dans ses mémoires « de cette fameuse madame de Puisieux, si bien avec la reine-mère (Anne d'Autriche), si comptée et si impérieuse dans le monde » (t. II, p. 103, édit. Hachette, in-8). — Voy. aussi t. IV, p. 375, un passage étendu, où Saint-Simon caractérise madame de Puisieux.

12. Les anciennes éditions portent pour ne prendre conseil de personne, au lieu de pour savoir qu'elle ne prend conseil de personne. La phrase ainsi altérée n'a plus de sens.

13. Phrase omise dans les anciennes éditions.

14. Lésigny, département de Seine-et-Marne.

15. Cette phrase n'est pas dans le manuscrit autographe, non plus que la suivante.

16. Cette aventure arriva le 28 juin 1655. Comparez les Mémoires de Conrart, à l'article BARTET. [L'éditeur publiait], à la suite du tome VI, p. 449 et suiv., des Mémoires de Saint-Simon (éd. Hachette, in-8), plusieurs pièces relatives à cette aventure de Bartet. Il en est aussi question dans une lettre de madame de Châtillon qu'on trouvera à l'Appendice de ce volume, no VIII.

17. Molière parle de ces ornements appelés canons, qui étaient ordinairement en toile, chargés de dentelles et tombaient jusqu'à mi-jambes. Un des personnages qu'il met en scène se moque de

Ces larges canons, où comme en des entraves
On met tous les matins ses deux jambes esclaves.

18. Les anciennes éditions ont changé le texte de Mademoiselle pour se rapprocher des autres mémoires du temps, qui disent que les gens du duc de Candale coupèrent à Bartet la moitié des cheveux et de la moustache.

19. Bartet était un paysan gascon que son esprit et la faveur de Mazarin avaient mis en grand crédit. On l'accusait de l'insolence ordinaire aux parvenus.

20. [L'éditeur publiait], à la suite des Mémoires de Saint-Simon, (t. VI, p. 450), la lettre où Bartet se plaignait à Mazarin de l'affront qu'il avait reçu.

21. Le sens est : « Ne voulut obliger la reine et le cardinal Mazarin à me persécuter. » Le pronom employé par Mademoiselle représenté ces personnages, qu'elle avait dans l'esprit, mais qui ne sont pas cités dans la phrase.

22. C'est-à-dire une lettre que l'on pût montrer à M. le cardinal ; on a eu tort dans les anciennes éditions de lier ce membre de phrase au précédent par un que.

23. Les fêtes auxquelles Mademoiselle fait allusion remplirent la fin de l'année 1655 et le commencement de 1656.

 


Mémoires de Mlle de Montpensier, Petite-fille de Henri IV. Collationnés sur le manuscrit autographe. Avec notes biographiques et historiques. Par A. Chéruel. Paris : Charpentier, 1858. T. II, Chap. XXI : p. 355-377.


 

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