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DIXIEME LETTRE

NOUS n'avons, Madame, traité encore qu'en ébauche la forme aimable de nos Chats ; c'est une de celles qui font le plus d'honneur à la nature. Ils joignent au maintien solide des Quadrupedes un agrément & une dexterité donnée à un petit nombre d'especes. Couverts d'une fourure veloutée, où la nature s'est jouée à varier des couleurs, ils naissent armez contre l'intemperie des saisons.

C'est une méchanique très-curieuse que l'art avec lequel les Chats disposent cette fourure, pour recevoir ou éviter à leur gré les impressions de l'air ; la découverte que j'en ai heureusement faite, est le fruit d'un grand nombre d'observations.

Quand il regne un air dont les Chats veulent se garentir, j'ai remarqué qu'ils tiennent leur poil couché exactement sur leur peau : ce qui fait connoître que cette tissure devient alors un rempart où les parties du froid ou du chaud glissent sur la superficie ; au lieu que quand la saison est convenable à leur temperament, on flate leur sensation. Ils s'ouvrent pour ainsi dire, aux influences ; ils dilatent leur poil ; ils le hérissent : ce qui donne un libre passage à l'air dont ils consentent d'être frappez. Ces précautions sont sans doute, une suite de la connoissance qu'ils ont des changemens du Ciel [1]. Cette patte qui par les contours qu'elle trace sur leur visage, est un présage de pluye ou de beau temps, que les gens même les moins éclairez ont remarqué, supplée aux Instrumens de Mathematique : Ainsi les chats peuvent être regardez comme des Baromêtres vivans [2].

Mais supposons que ces relations des Chats avec les Astres soient imaginaires, & ne les regardons que par des faces qui leur sont incontestables ; leurs yeux, par exemple, ont été long-temps l'objet de l'ambition des belles ; on ne pouvoit leur donner un éloge plus flateur, que de leur trouver les yeux Pers, c'est-à-dire, changeans comme ceux des Chats, ou verds comme on remarque qu'ils les ont communément [3]. Monsieur de la Fontaine dans la Fable des filles de Minée, après avoir décrit la dispute de Neptune & de Minerve, au sujet de la Ville d'Athénes, pour caracteriser dignement la Déesse, la represente avec ces yeux qui sont le partage des Chats.

Elle emporta le prix & nomma la Cité ; Athenes offrit ses vœux à cette Deïté ; Pour les lui presenter, on choisit cent pucelles, Toutes sçachant broder, aussi sages que belles. Les premiers portoient force presens divers, Tout le reste entouroit la Déesse aux yeux Pers.

Marot pour fraper d'un seul trait le portrait de Venus, n'a-t-il pas dit :

Le premier jour que Venus aux yeux verds.

Le Sire de Coucy si celebre par ses amours, avoue dans ses Poësies qui sont du temps de Philippe Auguste, que c'est-là le charme auquel son cœur a cedé [4]. Ces beaux yeux qui appartenoient à une Madame de Fayel, causerent, comme on le sçait, l'avanture du monde la plus tragique [5]. Les yeux verds n'inspirent que de grandes passions ; & la nature qui les a refusez dans ce siecle-ci aux belles, les a prodiguez à l'espece chatte [6].

A ne connoître ces aimables animaux que par tant de qualitez dont ils sont douez, ne jugeroit-on pas qu'ils jouissent d'une longue vie ? Cependant, tandis qu'un ennuyeux Corbeau voit, selon l'opinion des Anciens, l'espace de six ou sept siecles [7], un Chat remplit à peine deux ou trois lustres. Comment la nature conserve-t-elle si peu de temps ce qu'elle semble avoir fait avec tant de plaisir ? Dans les differens climats où elle les a répandus, elle n'a varié leur forme, que pour multiplier leurs agrémens ; on a remarqué que ceux de l'Europe ressemble exactement au Lion par beaucoup de traits [8]. Les Chats Syriens plus grands que les nôtres, sont très-curieusement bigarez [9] ; & comme leurs yeux ne sont pas tous deux dans la même position, & que leur bouche a un penchant vers l'oreille, des voyageurs ignorans, & qui ne connoissent de regularité que dans les proportions communes, ont rapporté qu'ils avoient la bouche & les yeux de travers ; & concluoient de-là qu'ils étoient monstrueux. Mais philosophiquement examinez, leur phisionomie est très-heureuse & très-agréable : Les Chats du Malabar habitent ordinairement sur des arbres ; le vol leur est propre ; & ce qu'il y a de plus surprenant, est qu'ils volent sans aîles [10].

Mais sur toutes ces especes de Chat étrangers, ce sont ceux de Perse, il faut en convenir, qui l'emportent par la beauté. Un fameux voyageur [11] en 1521, enrichit l'Italie de cette nouvelle race ; present qu'elle conserva avec tant de soin & de jalousie, que ce ne fut qu'après un siecle presque revolu, que ces beaux Chats furent transportez en France. Elle en a l'obligation au celebre Monsieur Menard qui apporta de Rome une Chatte, sur la mort de laquelle il a fait un Sonnet bien digne d'illustrer sa Muse, comme il est arrivé.

SONNET.

C'est grand dommage que ma Chatte, Aille au pays des Trépassez ; Pour se garantir de sa patte, Jamais Rat ne courut assez ; Elle fut Matrone Romaine, Et fille de nobles ayeux ; Mon Laquais la prit sans mitaine, Près du Temple de tous les Dieux : J'aurai toujours dans la memoire Cette peluche blanche & noire, Qui la fit admirer de tous ; Dame Cloton l'a maltraité, Pour plaire aux Souris de chez nous, Qui l'en avoient sollicitée.

Il n'est pas étonnant que Monsieur Menard ait regretté si tendrement sa Chatte ; elle étoit sans doute, les délices de sa solitude, & l'appui de sa philosophie, lorsqu'il composa ces vers qui caracterisent si bien ses mœurs & son esprit.

Las d'esperer & de me plaindre De l'amour, des Grands, & du sort, C'est ici que j'attens la mort, Sans la desirer ni la craindre.

Mais quels avantages n'ont point été occasionnez par les Chats ? Une des plus celebres Maisons de l'Angleterre leur doit sa richesse & son illustration. Richard Whittington dans sa grande jeunesse, dépourvu de tous les biens de la fortune, mais né avec d'excellentes inclinations, voulut aller dans l'Inde chercher une plus heureuse destinée. Il se presenta comme passager pour s'embarquer. On lui demanda avec quels secours il comptoit de vivre dans le trajet : Il répondit qu'il n'avoit pour toute richesse qu'un Chat, & le desir de se signaler. On fut touché de cette franchise noble avec laquelle il exposoit sa situation. On le reçut lui & son Chat, & le vaisseau fit voile. Comme ils étoient dans les mers de l'Inde, une tempête les surprit, & les fit échoüer sur une côte, où bien-tôt les naturels du pays s'emparerent de leur navire et de leurs personnes. Le jeune Anglois portant son trésor entre ses bras, fut conduit comme les autres, devant le Roy de ces peuples ; & tandis qu'ils étoient à son audience, ils apperçurent un nombre immense de Souris & de Rats, qui parcouroient le Palais, & s'attroupoient jusques sur le trône du Monarque qui en paroissoit très-ennuyé. Whittington reconnut la voix de la fortune qui l'appelloit. Il ne fit que laisser aller son Chat, & voilà un monde de Souris & de Rats étranglez, & le reste mis en suite. Le Roy charmé de l'espoir d'être bien-tôt délivré du fleau qui desoloit ses Etats, entra dans des transports de reconnoissance qu'il ne sçavoit comment exprimer assez vivement. Il embrassoit tantôt ce Chat liberateur, & tantôt le jeune Anglois ; & pour accorder à l'un & à l'autre de dignes marques de sa reconnoissance, il déclara Whittington son favori, & donna à ce merveilleux Chat le titre de Generalissime de ses Armées, n'ayant eu jusques-là d'ennemis à combattre que cette immensité de Souris & de Rats qui l'assiegeoient sans cesse.

Whittington soutenu par la consideration que lui donnoit le Chat son émule, surmonta toutes les cabales de la Cour. Il gouverna plusieurs années cet Empire ; enfin gagné par l'amour de sa patrie, il obtint la liberté d'y retourner. Le Monarque, en échange du General Chat qui lui fut laissé, lui donna un navire chargé de richesses. A peine le jeune Anglois fut-il de retour en Angleterre, qu'il y fut élevé à la dignité de Maire de Londres [12], dans ce nouveau rang, pour donner des témoignages publics de la reconnoissance qu'il devoit aux Chats. Il en prit le nom. Il fut appellé Mylord Gat. Ses descendans ont succedé aux honneurs de cette dénomination ; ses images sont encore répandues en plusieurs endroits de Londres : on le voit pompeusement representé dans les enseignes, portant en triomphe sur l'épaule ce Chat auquel il fut redevable de son bonheur & de sa gloire.

Mademoiselle Dupuy fait son testament

M. Bayle [13], à l'occasion de la reconnoissance qu'on doit aux Animaux des services qu'ils nous rendent, rappelle le Testament d'une Mademoiselle Dupuy, témoignage bien sensible des obligations qu'elle croyoit avoir à son Chat. Mademoiselle Dupuy avoit le talent de jouer de la harpe à un degré surprenant, & c'étoit à son Chat qu'elle devoit l'excellent où elle étoit parvenue. Il l'écoutoit attentivement chaque fois qu'elle s'exerçoit sur sa harpe, & elle avoit remarqué en lui des degrez d'interêt & d'attendrissement, à mesure que ce qu'elle executoit avec plus ou moins de précision & d'harmonie. Elle s'étoit formé par cette étude un goût qui lui avoit acquis une réputation universelle. A sa mort elle voulut donner à son Chat une marque convenable de sa reconnoissance ; elle fit un Testament en sa faveur ; elle lui legua une habitation très-agréable à la Ville, & une à la Campagne. Elle y joignit un revenu plus que suffisant pour satisfaire à ses besoins & à ses goûts ; & afin que ce bien être lui fût fidèlement procuré, elle legua en même temps à plusieurs personnes de mérite des pensions considerables, à condition qu'elle veilleroient sur les revenus de cet aimable legataire, & qu'elles iroient une quantité de fois marquées par semaine lui tenir compagnie. Ce Testament fut attaqué. Les plus fameux Avocats se partagerent, & écrivirent. J'ai fait inutilement juques à present les recherches les plus exactes pour trouver les Factums qui furent faits sur cette importante affaire. Il se perd comme cela tous les jours des ouvrages aussi curieux qu'interessans, dont il est bien injuste que le public se trouve privé. J'ai l'honneur d'être, &c.


Notes

(1) Vigenere* qui a recueilli à cet égard les opinions des Anciens, en expliquant le simbole du Chat à face humaine, posé sur le Sistre Egyptien, s'exprime en ces termes : Au regard de la face humaine : cela ne veut dire autre chose, sinon que cet animal a consideration & notice des changemens qui aviennent par chacun jour au globe de la Lune. Cardan a soutenu au contraire que ces varietez dans la prunelle de leurs yeux, qui grandissent & diminuent, venoient uniquement de leur volonté. D'autres ont cru que l'approche ou l'éloignement du Soleil influoit aussi sur eux, observant que le matin ils se tenoient étendus, à midi ramassez en peloton, & le soir frapez d'engourdissement & de nonchalence. Jonston.

M. Boyle, de la Société Royale de Londres, dans le Livre qui a pour titre : A disquisition about the final causes of natural things, &c. c'est-à-dire, Dissertation touchant les Causes finales des choses naturelles, prétend que les Chats ont la prunelle longue & située perpendiculairement ; la raison de cela, ajoûte un de ses amis, sçavant dans l'Optique, est que comme les Chats, dont la marche ordinaire est de grimper aux murailles pour attraper les Souris & les Rats, dont ils vivent, peuvent les observer par la situation perpendiculaire de leur prunelle plus aisément que si elle étoit transversale, comme celle des Chevaux, des Bœufs, ou autrement.

* Notes sur Philostrate, Chap. des Sistres.

(2) Le Poëte Ronsard porte bien plus loin ses idées sur les connoissances qu'il accorde aux Chats ; il ne balance point à les mettre, pour ainsi dire, au rang des Sybilles ; c'est peut-être le seul endroit de ses Poësies digne d'éloge.

Or comme on voit qu'entre les hommes naissent Augurs, Devins  . . . . . . . . . . . . Aussi voit-on, Prophetes de nos maux, Et de nos biens, naître des animaux, Qui le future par signes nous prédisent ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mais par sus tous, l'animal domestique Le Chat a l'esprit prophetique : Et faisoient bien ces vieux Egyptiens, De l'honorer . . . . . . . Epître à Remy Belleau Poëte

(3) On ne prétend pas que les yeux Pers & les yeux Verds soient les mêmes. Les yeux Pers sont ceux qui sont ordinairement d'un bleu pâle, ou quelquefois de couleur d'eau, & qui varient encore de differentes Nuances dans l'espace d'un jour. Les yeux Verds ne changent point de Nuance quand ils appartiennent aux hommes ; mais à l'égard des Chats, les yeux Verds ont ces augmentations & ces dégradations de couleurs qui caracterisent les yeux Pers.

Selon Menage, Pers vient du Grec περυος ou περιος, qu'il explique Subniger.

Pallas prise pour l'air, fut nommée par les Egyptiens Glaucopis, c'est-à-dire ayant les yeux de blancheur verdoyante. Diod. Sic. lib. 1. pag. 5.

(4)

Au commencier, la trouvay si doucette, Que ne cuiday por ly maux endurer ; Mais si bel œil verd, & riant, & cler, M'a si sorpris. . . . . . .

(5) Renaud de Coucy blessé au Siege d'Absalon, dans la Croisade de Philippe-Auguste & de Richard Roy d'Angleterre, chargea son Ecuyer de prendre son cœur dès qu'il seroit mort, & de le porter à la Dame de Fayel, qui étoit en Gatinois, & dont il étoit fort amoureux ; il y joignit une lettre très-tendre qu'il signa de son sang en expirant. L'Ecuyer de retour en France, fut surpris par le Seigneur de Fayel qui avoit été fort jaloux de Renaud de Coucy, & qui prenant le cœur de l'amant de sa femme, le fit servir à table & le lui fit manger. Elle mourut de desespoir aussi-tôt que son mari lui eut revelé cette horrible vengeance.

Fauchet dans ses recherches sur les anciens Poëtes, prétend que Renaud de Coucy, tué au Siege d'Absalon en 1191, est le même que Raoul premier Seigneur & Châtelain de Coucy ; des Ouvrages duquel il rapporte quelques fragmens dans une de ses Chansons, dit Fauchet, Le Seigneur Châtelain se plaint qu'il n'ose declarer son amour à cause de la gent Mauparliere ; dans une autre, Il souhaite avoir sa Dame une [fois] entre ses bras, avant qu'aller outre mer, ce qui donne lieu de croire qu'il n'y eut entre sa Dame & lui qu'une liaison de pure sentiment. La mort de cette Dame en peut être regardée comme une preuve certaine ; quand celles qui perdent leur amant ont quelqu'autre circonstance que son cœur à regretter, ce n'est point l'usage que d'en mourir. Une voix secrete & qu'elles ne croyent peut-être pas entendre, leur crie qu'elles retrouveront ce qu'elles ont perdu, & cette voix toujours persuasive les attache encore à la vie ; mais quand le bien qu'elles regretent n'est que cette tendresse mutuelle qui a la source & la fin uniquement dans le cœur, rien ne leur annonce que jamais un autre objet puisse leur inspirer cette même passion, & elles meurent faute d'appercevoir un autre moyen de consolation.

Dans ces temps reculez le pays des Amans étoit une longue perspective ; on n'entrevoyoit que de fort loin le bonheur d'être aimé, au-delà on n'appercevoit presque rien, ou du moins on n'osoit croire ce qu'on n'appercevoit que très-confusément : aujourd'hui la perspective est extrêmement rapprochée ; on ne s'attache qu'au fond du tableau, & on ne regarde point le reste.

(6) Il y a long-temps que les Chats sont en possession d'avoir de beaux yeux : un de nos anciens Poëtes a comparé ceux de son Chat aux Nuances de l'Arc-en-ciel.

Yeux desquels la Prunelle perse, Imitoit la couleur diverse, Qu'on voit en cet arc pluvieux, Qui se courbe au travers des Cieux. Dubellay.

(7) Les Corneilles vivent neuf âges d'homme. Plutarq. ch. des Animaux. pag. 271. Trad. d'Amyot.

Le Cerf & le Corbeau, la Langarde Corneille Et cet Oiseau doré que Gange voit voler, Ont le credit de voir un siecle s'écouler, Voire deux, voire trois, dont bien je m'émerveille.

Poësies de la Peruse, imprimé en 1573. Sonnet sur la mort du Seigneur Jean de Voyer Comte de Paumy.

(8) Inventa sunt in Hispania plures Cuniculos venandi rationes, hac verò inter alias, Feles Africas agrestes studiosè inflituunt, ex ore obligato in foramina immittunt, qui unguibus extrahunt Cuniculos, inventos aut feras expellunt ubi ab aflantibus captantur. Strabo lib. 3. pag. 99. édit. ann. 1587. [III.2.6]

(9) Jonston.

(10) Scaliger & plusieurs Voyageurs modernes.

Ces Chats du Malabar volent à la faveur d'une Membrane fort large, laquelle s'étend du pied de derriere au pied de devant ; elle est ramassée & pliée quand ils marchent, & se déploye quand ils veulent voler : les Chats des Philippines ont le même attribut. Voyez l'Ecureuil volant qui a été envoyé l'année derniere à M. de Maurepas.

Il y a plusieurs autres especes de Chats dans les Indes ; les uns ont le poil herminé & la queue entrecoupée de bandes noires & blanches, quelques autres ont six pattes. L'Auteur de l'état present des Isles de l'Angleterre, rapporte que dans la Floride joignant la Virginie, il y a des Chats sauvages qui font la guerre aux bêtes fauves ; ils s'élancent sur leur dos, s'y attachent, les domptent & en font leur proye. D'autres Chats Indiens portent leurs petits dans une poche placée à leur côté, & n'en sont pas moins ingambres.

Un ancien Poëte François & Physicien en même temps fait le portrait d'un Chat merveilleux.

Ce rare Chaton que la Nature a fait, Que de ses propres mains elle-même a parfait, Que l'on doit admirer, ayant (grandes merveilles) Huit pieds, un chef, un œil, deux queues, quatre oreilles. Paul constant Maître Apotiquaire de Poitiers, pag. 40. fol. 37.

Mais c'est peu que la terre soit semée de ces differentes especes ; un autre Poëte François a remarqué fort judicieusement que les Mores [sic pour Mers ?] ont aussi leurs Chats.

Et qui ne voit encore que la Campagne herbue, N'a nul rare animal dont l'eau ne soit pourvûe ; L'Onde a son Elephant . . . son Chat roux en couleur.

Dampiere dans son voyage du tour du monde décrit la forme de cet admirable poisson. Le Chat de mer, dit-il, a une moustache qui le caracterise principalement, & ses yeux brillent & étincellent la nuit.

(11) Pietro del Lavalé ; ce Voyageur qui paroît avoir un grand fond d'esprit, expose dans une lettre qu'il écrit d'Ispahan, qu'en qualité de bon Citoyen il ne croit pouvoir tirer de ses voyages une plus grande utilité, pour Rome sa chere Patrie, que d'y transporter une nouvelle race de Chats ; il declare qu'il a épousé une belle Aziatique nommée Maani, & qu'il passe une vie délicieuse entre son Epouse & ces beaux Chats.

Pietro del Lavalé jouissoit d'une grande fortune, il ne marchoit dans ses voyages qu'avec un nombreux cortege, laissant par-tout des marques de son discernement & de sa magnificence.

Ces beaux Chats étoient de la Province de Chorasan, située aux confins du Zagathay & de la Tartarie ; elle comprend la Province d'Ariane des Anciens, & une partie du Pays des Parthes & de la Bactriane ; ses principales Villes sont Herat, Nisabur, Sarachas, Turschis, Mervera, &c.

(12) C'est lui qui a fait construire à Londres l'Edifice où se tient la bourse.

(13) Diction. article Rosen sous la remarque C. pag. 2485. Edit. de Roterdam, imprimé en 1720.

François-Augustin Paradis de Moncrif (1727) Les Chats. Dixième lettre: pp. 125-140.

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