Boo the Cat. Hoorah!

Sir Thomas Browne PageMademoiselle PageChapitre I

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.


La notice sur la vie et les mémoires de mademoiselle de Montpensier devant paraître avec le dernier volume, je me bornerai maintenant à quelques mots sur la présente édition.1

Je me suis servi du manuscrit autographe des mémoire de Mademoiselle, conservé à la Bibliothèque impériale (Ms. Suppl. fr. nº 3015.B). Malheureusement, il manque une centaine de feuillets au commencement de ce manuscrit2 ; j'ai reproduit, pour cette partie, les anciennes éditions, avec quelques corretions, que j'ai expliquéess dans les notes. Elles portent principalement sur des noms propres, qui avaient été evidemment altérés, entre autres les noms des conseillers d'QQtat, chargés de l'administration des biens de Mademoiselle (p. 6, notes 4 et 5), et celui de madame de Brassac, dont on avait fait madame de Brissac (p. 84, note 3).

Mais c'est seulement, lorsque j'ai pu me servir du manuscrit autographe, qu'il m'a été possible de rendre aux mémoires de Mademoiselle leur véritable caractère. Presque toutes les éditions sont une reproduction de celles de 1735 et de 1746, qu'on estime les meilleures. Cependant les mémoires de Mademoiselle y ont subi des altérations : d'abord les éditeurs ont rajeuni et embelli son style, à la manière du dix-huitième siècle ; les phrases ont été coupées. Au lieu de ce style ample et un peu traînant, qui distingue les écrivains du dix-septième siècle, on a adopté la forme rapide et saccadée du siècle suivant. Les lecteurs, qui prendront la peine de comparer les deux éditions, trouveront à chaque page de nombreuses preuves de ce genre d'altérations. Quelques personnes penseront peut-être que le style de Mademoiselle perd à ces corrections ; qu'il était plus vif et plus dégagé dans les anciennes éditions, et qu'on a eu tort de lui rendre son allure languissante et embarrassée. Pour moi, je déclare qu'en preésence d'un manuscrit autographe de l'auteur jee n'ai pas hésité à conserver les formes originales du style, même lorqu'il est incorrect.3

Les autres altérations sont plus graves, et je les ai souvent signalées en note. Elles doivent être attribuées q ala négligence ou à l'incurie de ceux, qui furent chargés de la transcription des mémoires sur le manuscrit autographe, et dont la copie a servi pour toutes les éditions. Comme l'écriture de Mademoiselle est souvent difficile à lire, on n'a pas toujours déchiffé les mots exactement : dans un passage, où il est question des séances du parlement pendant la Fronde, elle dit que « Monsieur parloit d'une manière, qui faisoit craindre à la cour qu'il ne fût pour M. le Prince. » Le copiste a lu : « Il parloit de me marier ; ce qui faisoit craindre à la cour qu'il ne fût pour M. le Prince. » Quand on rappelle quelles étaient alors les dispositions de Mademoiselle à l'égard du prince de Condé, on voit que les éditeurs lui prêtent une absurdité. Il eût d'ailleurs été assez étrange que Gaston d'Orléans vînt entretenir le parlement du mariage de sa fille.

Dans d'autres passages, le copiste, pressé et négligent, a sauté plusieurs lignes, et il en résulte de graves erreurs : ainsi, on a fait dire à Mademoiselle que saint Louis naquit dans une abbaye, qui ne fut fondée que longtemps après sa mort (p. 234 de notre édition, note 1), tandis qu'elle parle simplement d'une abbaye bâtie à Poissy, au lieu où saint Louis est né. J'ai signalé dans les notes plusieurs autres suppressions que les copistes se sont permises. Elles suffiraient pour prouver combien il était nécessaire de faire une révision attentive des mémoires de Mademoiselle, en les conférant avec le manuscrit, qui est entièrement de sa main.

Dans les notes historiques, j'ai cherché à faire connaître les principaux personnages, que Mademoiselle mettait en scène, ou à rectifier des erreurs qui lui étaient échappées. Mademoiselle a écrit la première partie de ses mémoires, pendant son exil à Saint-Fargeau ; elle dit, dans plusieurs passages, qu'elle n'avait pas de notes sous les yeux et qu'elle recueillait simplement ses souvenirs. Il n'est pas étonnant que des erreurs chronologiques se soient glissées dans une pareille narration, et que souvent même il y ait eu confusion d'années. On ne purrait, sans pédantisme, en faire un reproche à Mademoiselle, qui avertit elle-même quelquefois qu'elle s'est méprise au temps4 Mais il n'était pas inutile pour le lecteur que ces erreurs fussent signalées et rectifiées ; c'est ce que je me suis efforcé de faire, à l'aide des autres mémoires contemporains.

Outre ces Mémoires, dont la chronologie n'est pas toujours très-sûre, je me suis servi de deux journaux inédits, qui furent écrits au moment même ouu les faits s'accomplissaient, et dont le mérite principal est de donner les dates avec beaucoup d'exactitude. L'un est le Journal d'Olivier d'Ormesson, qui doit être publié dans la collectin des Documents inédits relatifs à l'histoire de France, et l'autre le Journal, également inédit, de Dubuisson-Aubenay. J'ai fait connaître ailleurs le caractère du Journal d'Oliver d'Ormesson. Ce magistrat intègre, que sa conduite dans le procès de Fouquet a illustré, a écrit jour par jour tous les événements, dont il a eu connaissance, de 1643 à 1649, et de 1661 à 1672. Le Journal de Dubuisson-Aubenay est beaucoup moins étendu : il n'embrasse que les cinq années de la Fronde (1648-1653). Ce Dubuisson-Aubenay était un gentilhomme attaché au secrétaire d'QQtat, Duplessis-Guénégaud ; il écrivait, comme Olivier d'Ormesson, jour par jour, les nouvelles qui parvenaient jusqu'à lui ; et, comme il était le familier d'un ministre, il est généralement bien instruit.

Outre les rectifications, qu'exigeaient les erreurs chronologiques assez nombreuses dans les mémoires de Mademoiselle, il y a parfois des faits qu'elle se borne à indiquer, sans donner les développements nécessaires, soit qu'elle les suppose trop connus de ses contemporains, ou qu'elle-même, comme elle en avertit quelquefois avec une loyale franchise, en ait ignoré les détails.5 Il n'était pas inutile de complèter cette partie des mémoires ; c'est ce que j'ai cherché à faire dans l'Appendice.

Mademoiselle n'a pas divisé ses mémoires en chapitres ; ce n'était pas l'usage du dix-septième siècle. Toutefois, j'ai cru qu'on pouvait, sans altérer le caractère de l'ouvrage, marquer des repos pour le lecteur, et résumer, dans un sommaire placé en tête de chaque chapitre, les faits qui y sont racontés.

 

End of chapter

 


NOTES

1. [The promised "notice sur la vie" of Mademoiselle does not appear in the Chéruel edition, although it is mentioned several times.]

2. Ce qui manque dans le ms. correspond à la partie antérieure à la p. 207 du t. I de notre édition.

3. Voyez, par exemple, p. 212 (t. I): « M. de Mercoeur, de qui l'on commençoit déjà à parler du mariage avec une des nièces de M. le Cardinal. » Je ne me suis pas cru permis de changer cette phrase, quoiqu'elle soit d'une incorrection choquante.

4. Page 130 du tome I de cette édition.

5. Voy. p. 236 du tome I: « Comme je ne voyois personne en ce temps-là, je ne m'informai pas du détail de l'histoire ; c'est pourqoi je n'en dirai rien plus. »

 


Mémoires de Mlle de Montpensier, Petite-fille de Henri IV. Collationnés sur le manuscrit autographe. Avec notes biographiques et historiques. Par A. Chéruel. Paris : Charpentier, 1858. T. I, Avertissement, p. v-xi.


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