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Deuxième Partie


CHAPITRE XVII

(18 décembre 1670 - janvier 1671)

Je vis entrer MM. de Montausier, Créqui, Guitry and M. de Lauzun. En le voyant, je criai les hauts cris, et lui eut beaucoup de peine à s'empêcher de pleurer. J'avois passé au Louvre, où logeoit M. le Dauphin pour parler à M. de Montausier ; mais le roi l'avoit envoyé querir. M. de Montausier me dit : « Le roi nous a commandé d'amener ici M. de Lauzun pour vous remercier très-humblement de l'honneur que vous lui avez voulu faire et pour vous dire qu'il est très-content de vous et de lui, et que la manière avec laquelle vous lui avez parlé, ne vous étant pas emportée et ayant conservé dans votre douleur beaucoup de respect, l'obligera à avoir à l'avenir plus de considération pour vous qu'il n'a jamais eu, et que pour M. de Lauzun il fera pour lui des choses si considérables que vous aurez sujet [d'en être contente]. » Je pleurai beaucoup et je leur dis : « Il a beau faire, je ne serai jamais contente, séparée de lui. Et vous [Lauzun], [vous] avez cette force d'esprit que tout le monde vous croira indifférent pour moi. Que dites-vous ? » et je sanglotois à chaque parole. Il me dit d'un grand sang-froid : « Si vous croyez mon conseil, vous irez demain dîner aux Tuileries et remercier le roi de l'honneur qu'il vous a fait d'avoir empêché une chose, dont vous vous seriez repentie toute votre vie. — Je ne croirai pas votre conseil : je pleurerai toute ma vie ; mais j'espère qu'elle ne durera guère, et ne me repentirai jamais. » Je leur dis : « Vous voulez bien que j'aille parler à lui ? » Je le menai dans ma ruelle ; il me fit plaisir : car il pleura. Il ne me sut jamais parler, ni moi non plus. Je lui dis seulement : « Quoi ! je ne vous verrai plus ? Si cela est, je mourrai. » Puis nous retournâmes.

Ces messieurs s'en allèrent, à qui je ne sus rien dire. Je me couchai ; je fus vingt-quatre heures sans parler, quasi sans connoissance. Quand on me nommoit M. de Lauzun, je demandois : « Où est-il ? Que dit-il ? » Quand il venoit quelqu'un de ses amis (car je ne voulois voir personne), je disois : « Ayez soin de lui. » M. de Créqui me vint voir, qui me dit que le roi vouloit venir chez moi. Je le fis prier qu'il n'entrât personne dans ma chambre avec lui que MM. de Créqui et de Rochefort. Quand il entra, je me mis à crier de toute ma force ; il m'embrassa encore et fut toujours sa joue contre la mienne. Je lui disois : « Votre Majesté me fait comme les singes qui étouffent leurs enfants en les embrassant. » Il me dit qu'il me prioit de me consoler ; qu'il m'assuroit que je serois avec lui d'une manière à faire enrager mes ennemis. Je lui dis que toutes choses m'étoient indifférentes ; que je n'en voulois qu'une au monde, et que la vie me l'étoit même sans celle-là ; qu'il ne me feroit plus la guerre que j'aimois à vivre, puisque je ne me souciois plus de mourir. [Il ajouta] qu'il feroit des choses admirables pour M. de Lauzun. Je lui dis que j'en serois fort touchée, mais que ce n'étoit que des paroles que les biens qu'il nous promettoit et que les maux étoient réels et sensibles ; que les mêmes gens qui l'avoient fait changer le feroient bien changer encore ; que pour moi je ne changerois jamais ; que je ne pouvois pas lui parler incessamment de M. de Lauzun ; mais que je le suppliois d'être persuadé que toutes les fois que je me présenterois devant lui et que je le regarderois, ce seroit pour le lui redemander, comme un bien qui étoit à mort et que l'on m'avoit ravi. Je lui dis que l'on m'avoit dit : « Le roi a dit que c'étoit une fantaisie qui vous a prise en trois jours et que dans trois vous en serez consolée ; » que je serois au désespoir qu'il pût avoir dit cela et que j'étois sûre qu'il ne l'avoit pu penser. Il appela Créqui et Rochefort pour m'assurer que cela n'étoit point et qu'il étoit très-fâché de cette sottise ; qu'il diroit le contraire. « Je supplie très-humblement Votre Majesté de croire, lui dis-je quand il sortit, que le respect que j'ai pour elle et la tendresse que j'ai pour M. de Lauzun ne sortiront jamais de mon cœur et que rien que cela ne le peut occuper. »

La reine me vint voir qui ne savoit que me dire. Le roi me pria par M. de Créqui de ne lui rien dire. Monsieur y voulut venir ; le roi envoya savoir si je le voulois et m'assurer qu'il ne me diroit rien. J'étois sur mon lit : il parla toujours de parfums, et je ne dis guère de choses. Ma belle-mère y voulut venir, ce me semble (je ne m'en souviens pas tout à fait bien), et ma sœur ; je trouvai cela inutile. Elles ne vinrent point. J'envoyai querir madame de Montespan, que je priai fort de parler au roi. Elle me parla fort honnêtement. Madame de La Vallière m'étoit venue voir pendant le temps des réjouissances ; elle m'avoit dit : « Vous faites une belle chose, j'en suis bien aise ; M. de Lauzun est de mes amis. » Elle y revint dans la douleur et me dit : « Je vous plains fort ; car une personne de votre condition avoir fait les pas que vous avez faits inutilement, cela est digne de pitié. Pour M. de Lauzun, il n'est point à plaindre ; car le roi lui donnera plus de dignités et du bien plus que vous ne lui en donneriez, et quand il ne se mariera pas il en sera plus heureux. » Je trouvai ce discours fort sot. Madame de Longueville, pour une personne fort habile, en fit un dont le roi fut fort fâché. Madame de Sévigné, madame de Lafayette (il y avoit encore une autre que j'ai oubliée) l'étant allées voir un jour que mon mariage faisoit du bruit, on en parla. Ces dames-là n'étoient pas amies de M. de Lauzun, c'est-à-dire elles ne le connoissoient pas. Elles croyoient faire leur cour à madame de Longueville, en témoignant trouver la chose extraordinaire et disant : « Il faut que l'amitié que le roi lui témoigne ait ébloui Mademoiselle et qu'elle ait cru faire sa cour par là. » Madame de Longueville dit : « Si Mademoiselle a cherché de la faveur, elle devroit bien plutôt prendre le fils de M. Colbert. » Cela fut au roi qui envoya querir M. le Prince et qui en sut très-mauvais gré à madame de Longueville. On me le vint dire. Elle vint pour me voir dans le temps que je ne voyois personne ; elle envoya en haut. On lui manda que je ne voyois personne. J'appris que le roi fut bien aise de ce que j'avois fait. On m'en blâma. Je dis : « Elle n'a pas songé si elle me fâcheroit dans son premier mouvement ; j'ai suivi le mien. J'avoue que j'ai tort et que je devois l'excuser, puisque c'est la douleur qu'elle a eue de quoi je préférois M. de Lauzun à son fils qui l'a fait parler, et ce motif est obligeant pour moi. »

[Le lendemain que le roi m'eut parlé pour rompre mon mariage, M. de Lauzun alla à six heures du matin chez M. Boucherat, pour le prier de me rapporter la donation que je lui avois faite du duché de Montpensier et de la souveraineté de Dombes : son désintéressement étoit si grand qu'il ne voulut pas même recevoir cette marque de mon amitié. Il trouva que Guilloire y avoit été à minuit pour la retirer de ma part ; il ne m'en dit rien et j'appris cette circonstance de gens à qui M. Boucherat l'avoit contée. Depuis le commencement jusqu'à la fin, il porta de grands longueurs à dresser le contrat, quoiqu'il n'y eût qu'à y mettre que je donnois généralement tout mon bien, sans en rien réserver. Après lui avoir dit et redit que c'étoit là mon intention, il ne laissa pas de me venir redemander s'il ne me laisseroit pas la maîtresse de quelques terres ou d'une somme d'argent, pour en pouvoir disposer à ma mort. Je lui répondis que non ; que je voulois tout remettre entre les mains de M. de Lauzun, qui donneroit lui-même ce qu'il trouveroit à propos aux gens pour qui j'aurois eu de l'amitié et aux domestiques qui m'auroient bien servie ; que j'étois assurée qu'il s'en acquitteroit avec plus de régularité que moi. Enfin je lui déclarai que je voulois absolument lui donner tout ce que j'avois. Quoique j'eusse décidé et donné mes ordres de cette manière et que je les eusse plusieurs fois répétés à M. Boucherat, il ne laissa pas d'envoyer un des gens de mon conseil pour me dire de sa part qu'il se croyoit obligé de m'avertir que je ne serois pas la maîtresse de rien, quand je serois mariée ; que j'y prisse garde ; que je devrois au moins me réserver quelque bien, quand ce ne seroit même que pour faire des dispositions pieuses. Je lui écrivis un billet, par lequel je lui mandai que de me donner à M. de Lauzun, c'étoit lui faire un présent qui valoit mieux que tout mon bien ; que je voulois absolument qu'il en fût le maître ; qu'à l'égard des dispositions pieuses, que c'étoit le meilleur service que je pusse rendre aux pauvres, parce que si j'étois libérale envers eux, M. de Lauzun leur seroit prodigue ; que je savois qu'à un cœur fait comme le sien il y avoit plutôt à craindre le trop que le trop peu, et que je ne serois jamais mieux la maîtresse de mon bien que lorsque je lui aurois tout donné ; que je le priois de dresser mon contrat sur ce pied-là.]1

Je vis tout le monde à la fin ; mais je ne parlois point. J'étois maigre, les joues creuses, comme une personne qui ne mangeoit ni ne dormoit, et je pleurois , dès que j'étois toute seule, ou que je voyois des amis de M. de Lauzun, que l'on parloit de choses qui avoient relation à lui ; j'en voulois toujours parler ; il me venoit dans l'esprit : « il y a remède à tout, hors à la mort ; » ce m'étoit une espèce de consolation ; mais cette consolation me paroissoit si éloignée qu'elle ne faisoit que nourrir ma douleur. Elle m'avoit seulement ôté de l'esprit l'envie de mourir, qui me donnoit en quelque manière plus de tranquillité par l'espérance d'une prompte fin que d'une fin heureuse et éloignée.2 Enfin mon état étoit pitoyable, et il faut l'avoir senti pour le comprendre et ce sont de ces choses que l'on ne sauroit exprimer. Il faudroit les connoître par soi-même pour en juger, et personne ne sauroit avoir senti une douleur comparable à la mienne ; il n'y a rien à quoi on la puisse comparer. Dans toutes ces circonstances, il n'y avoit que Dieu dont j'aurois pu tirer de la consolation ; mais comme il vouloit que je fusse à lui par la souffrance, il ne m'en vouloit pas donner. Mademoiselle d'Épernon (on la connoît mieux par ce nom que par celui de sœur Anne-Marie) m'écrivit pour me demander de mes nouvelles. Je lui fis réponse, et comme je lui demandois, il y a quelque temps, à voir ma lettre (tout ce qui me le ramène me faisant plaisir), elle me la rendit, et je l'ai trouvée sous ma main en cherchant autre chose. Ainsi je la mettrai ici :

« Je suis partie deux fois de céans pour vous aller rendre compte de mes intentions, étant persuadée que vous ne désapprouveriez pas que je fisse une chose, à laquelle il n'y alloit ni de mon honneur ni de ma conscience, et où il n'y avoit que l'ambition blessée ; elle m'a si longtemps possédée et j'en ai été si maltraitée, que j'avois résolu de l'abandonner pour chercher mon repos ; je le trouvois dans la condition que j'avois choisie, par le mérite de la personne, dont tous ses ennemis ne peuvent disconvenir. S'il avoit été connu de vous, je suis sûre qu'il vous auroit plu ; il a la meilleure âme du monde et le cœur le plus noble ; enfin il avoit su toucher le mien. Le roi y avoit consenti après avoir fait toutes les choses imaginables pour me détourner de cette pensée ; mais voyant combien ma résolution étoit forte et prise de longtemps, il avoit eu pitié de ma foiblesse : l'affaire avoit été jusqu'au moment d'être faite ; elle est finie de la manière que vous voyez. Jugez par là de ma juste douleur, et priez Dieu qu'il me console. Vous pouvez juger de l'état où je suis, et par combien d'endroits je suis blessée. Je me recommande à vos bonnes prières et [à celles] de la mère Agnès.3 J'irai vous voir le plus tôt que je pourrai ; dites-lui que je suis contente au dernier point de la manière dont le maréchal de Bellefonds en a usé pour moi : je lui en serai obligée toute ma vie. Je suis au désespoir de n'être pas de même pour madame d'Épernon. »

J'écrivis cette lettre dans les premières vingt-quatre heures que je ne savois ce que je disois ; même s'il me l'eût fallu relire, je ne sais si je l'aurois pu ; ce fut ce qui me la fit demander à voir. J'avois envie de voir ce que l'on dit, quand on est en l'état où je me souvenois d'avoir été, qui me paroissoit bien terrible ; car à force de trop sentir, je ne sentois rien. Madame d'Épernon envoya savoir comme je me portois, et si j'aurois agréable qu'elle me vînt voir : je crois que je dis qu'oui ; car elle y vint. Elle me dit que je lui faisois pitié ; je ne lui répondis rien. C'étoit la femme du monde qui m'avoit le plus d'obligation ; je l'avois servie dans des temps et dans des occasions, où elle avoit peu d'amies, non pas de ma qualité, mais de véritables. Je n'en dirai pas davantage, ne voulant pas perdre le mérite de ce que j'ai fait ; il ne faut pas que son ingratitude me l'ôte. Si j'avois pu être sensible à quelque chose, j'aurois dû l'être à cela ; car tous ceux qui m'ont manqué en cette occasion me devoient être une chose rude ; mais comme le fort emporte le foible, j'ai été touchée de la chose même, et elle est toujours si vive dans mon cœur que je suis indifférente pour tout ce qui n'y a pas rapport.

On me dit qu'il falloit aller à la cour ; que cela étoit bien mal d'être huit jours sans voir le roi. Je croyois qu'il étoit plus respectueux de ne lui pas montrer un objet qui le faisoit souvenir de ce qu'il avoit fait et de ce qui me paroissoit lui avoir déplu à faire. Je lui dis,4 dans les premiers moments, que je voulois m'en aller et que je ne mettrois jamais le pied à la cour. Il me pria fort de demeurer : il en eut peur ; il me manda plusieurs fois que je ne le fisse pas. Après donc avoir bien marchandé, j'allai aux Tuileries, la veille de Noël, le matin. J'arrivai que l'on étoit à la messe. La reine revint, qui me demanda comme je me portois. Je lui dis : « Fort bien. » On alla dans la galerie. En passant dans la chambre où ce cruel arrêt m'avoit été prononcé, je fus saisie. Comme on fut dans le galerie où étoit le roi, il se promena. Au premier tour je me mis à pleurer, et je demeurai dans une fenêtre, n'étant pas bien aise de donner la comédie à bien des gens qui étoient ravis de me voir en cet état.

Le roi, après avoir fait son tour, revint tout seul et me dit : « Je suis plus fâché que vous de vous voir en l'état où vous êtes. Je vois bien que c'est moi qui vous cause tous ces pleurs, et ils sont si raisonnables que je ne sais que vous dire. » Il s'en alla. Je vis bien que c'est qu'il avoit aussi envie de pleurer que moi.

Je suis si troublée en pensant à tout ceci et les choses se représentent si vivement à moi, que je ne dis pas tout ; ainsi il m'en revient que je n'ai pas mises en leur place. Le jour que le roi me vint voir, je demandai au roi de quelle manière il vouloit que je vécusse avec m. de Lauzun ; que si j'étois privée de le voir, ce me seroit un sensible déplaisir ; même que je croyois que cela ne feroit pas un bon effet dans le monde pour moi ; que j'avois perdu tous mes amis dans cette affaire ; qu'ils m'avoient tous abandonnée ; que si le roi ne me permettoit pas de voir les siens, il faudroit que je vécusse comme un ermite ; mais que plutôt que de déplaire au roi ou de nuire à M. de Lauzun, je me priverois de toute chose ; que je donnois une marque de mon obéissance au roi, après laquelle je pouvois tout faire. Il me dit : « Je ne vous défends point de le voir ; il doit, par la reconnoissance qu'il vous a de l'honneur que vous lui avez voulu faire, avoir un grand attachement à vos intérêts pour vous la marquer, et assurément vous ne sauriez prendre avis d'un plus honnête homme ni plus habile en tout ce que vous aurez à faire, que de lui. — C'est mon intention, sire, et je suis trop heureuse que vous veuillez bien que ce soit mon meilleur ami et que je n'aie point d'amis que les siens et ses parents ; mais au moins, Sire, ne changerez-vous pas, comme vous avez fait ? Je ne puis m'empêcher de vous faire ce reproche. »

Comme nous étions dans cette galerie, on vint querir le roi pour dîner. Il me dit : « Votre santé ne vous permet pas de venir à Versailles demain avec nous ? » Je lui répondis : « Je n'en suis pas en état, » et je passai par son appartement, parce qu'il n'y avoit personne, fondant en larmes. En passant dans la salle des gardes, je trouvai force officiers qui pleuroient en me voyant. Il fallut me délacer en arrivant ; je crevois. Je fis dire que je ne voyois personne. M. de Lauzun vint sur le soir, assez ajusté, avec un air riant. Je me mis à crier. Il n'y avoit que la maréchale de Créqui et mes filles ; après ces premières larmes (il pleura un peu, malgré sa mine riante), nous allâmes causer à une fenêtre. J'étois ravie de le voir ; mais quand la cruauté que l'on avoit eue pour nous me revenoit, je repleurois et lui disoit : « Il faut espérer ; tout change. — Quoi ! pouvez-vous croire cela, et peut-on y penser, si le roi ne veut pas ? » Et il se contraignoit. Nous fûmes environ deux heures à causer. Quand il s'en alla, je recommençai à pleurer tout le reste du soir. Je n'allai point à la messe de minuit ; je n'étois pas assez tranquille pour faire mes dévotions. Il m'y exhorta, me faisant des sermons sur ce que c'étoit que le monde ; mais j'étois si touchée de lui dans ce moment qu'il ne me sut toucher par ce qu'il me disoit. Je lui demandai : « Mais ne reviendrez-vous pas bientôt ici ? — Non, si vous faites ainsi. Le moyen de me voir, c'est de ne plus pleurer. » Il me traitoit comme une enfant.

Je passai les fêtes de Noël dans des couvents ; je fus aux Carmélites du Bouloi ; je me plaignis fort à elles de la manière dont la reine en avoit usé pour moi. Elles en étoient fort honteuse et ne savoient que dire ; elles me firent force honnêtetés ; qu'elles étoient au désespoir ; qu'elles me plaignoient. Madame de Noailles y étoit. Elle me dit : « Je n'ai jamais vu m. de Lauzun ; dites-moi comme il est fait. » Au travers de mes pleurs et de ma douleur, je raillois un peu avec elle. Je lui dis : « Mais vous ne croirez pas ce que je vous en dirai ; il est mieux que M. de Noailles vous le dise que moi. — Non ; je veux que ce soit vous. » Je commençai : « C'est un petit homme ; personne ne sauroit dire qu'il n'ait pas la taille la plus droite, la plus jolie et la plus agréable. Les jambes sont belles ; un bon air à tout ce qu'il fait ; peu de cheveux blonds, mais fort mêlés de gris, mal peignés et souvent gras ; de beaux yeux bleus, mais quasi toujours rouges ; un air fin ; une jolie mine. Son sourire plaît. Le bout du nez pointu, rouge ; quelque chose d'élevé dans la physionomie ; fort négligé ; quand il lui plaît d'être ajusté, il est for bien. Voilà l'homme. Pour son humeur et ses manières, je défie de les connoître, de les dire ni de les copier.5 Enfin il m'a plu ; je l'aime passionnément. Présentement je suis pour lui comme il plaît au roi ; n'en parlons plus ; car j'ai assez pleuré. Parlons d'autre chose. » Elles me contèrent que Saint-Gelais6 étoit morte la nuit et ne me dirent point de quoi. On ne peut pas faire plus d'amitiés qu'elles m'en firent. J'y retournai deux jours après en attendant la reine, qui revenoit de Versailles.7

Je pris le deuil d'un enfant de M. l'électeur de Bavière, dont personne ne le prit ; mais je voulois point avoir de couleur. Je me trouvai à l'arrivée de Leurs Majestés aux Tuileries. Le roi me dit quelques mots en passant, et s'en alla ; la reine de même, et je m'en allai. On me demanda de qui je portois le deuil ; que personne ne l'avoit que moi. Je dis que j'étois amie de madame de Bavière, aussi bien que sa parente, et que je voulois le porter.

Le premier jour de l'an [1671], Leurs Majestés vont toujours aux Jésuites.8 J'allai aux Tuileries pour les y accompagner. Le roi s'alloit mettre à table ; il me demanda si j'avois dîné. Je lui dis qu'oui, et comme les violons étoient là, je ne les voulois pas entendre ; je m'en allai dans la chambre de la reine ; madame de Rambures étoit avec moi. Comme je regardois à la porte, je vis venir M. de Lauzun et M. de Guitry ; je fermai la porte ; ils vinrent. Madame de Rambures dit à M. de Lauzun qu'elle avoit une affaire à lui parler. Comme elle me l'avoit dite, je lui dis : « Je ne crois pas qu'il se charge de cela ; car je m'intéresse pour ceux contre qui vous parlez, et apparemment M. de Lauzun n'entrera jamais en rien contre moi. » En disant cela, je me mis à pleurer et m'en fuis. Il vint après moi et me dit : « Si vous faites d ces vies-là, je ne me trouverai où vous serez ; vous me ferez fuir le monde. » En m'exhortant à ne pas pleurer, il pleura lui-même et s'enfuit. Quand le roi revint de dîner, je fis ce que je pus pour avoir l'air riant ; mais j'avois les yeux rouges et gros comme le poing. Enfin je pleurois sans cesse ; mais quand je le voyois, je criois les hauts cris sans m'en pouvoir empêcher.

La reine avoit une grande affliction. On découvrit que Saint-Gelais, une fille de la reine, qui s'étoit faite carmélite au Bouloi, où j'avois été le jour de sa mort, étoit morte de la petite vérole, et que pendant son mal la reine y avoit été, même je ne sais si elle n'y avoit pas mené M. le Dauphin. Cela mit le roi fort en colère ; il défendit à la reine d'y aller. On disoit qu'elles avoient été fort déchaînées contre mon mariage, quoiqu'elles m'eussent fait beaucoup d'amitiés. Elles étoient amies de madame de Guise. La reine fut au désespoir ; car on ne les pouvoit justifier d'avoir fait une telle faute.

Il y eut cette année-là un Opéra admirable ; je ne manquai pas une fois à y aller. On ne voyoit guère clair à l'endroit où étoit la reine, toutes les lumières étant sur le théâtre ; ainsi je pleurois tant que je voulois. J'avois le plaisir de rêver quatre heures et de n'être interrompue par personne. M. de Lauzun venoit toujours sur la fin et se mettoit dans une loge, et je le regardois. Mon assiduité auprès de la reine ne diminua pas, quelque sujet que j'eusse en de me plaindre d'elle ; mais c'est que je voyois M. de Lauzun et que j'étois contente de le voir, encore plus quand je lui pouvois parler, quoique je pleurasse souvent ; mais il me regardoit tant que je n'osois plus pleurer, et le pouvoir qu'il avoit sur moi retenoit mes larmes ; c'est en avoir beaucoup : car on n'en est pas maître soi-même.

Le roi proposa d'aller passer à Vincennes trois jours, pendant lesquels il y auroit tous les jours bal, comédie, chasse ; que l'on seroit un jour parée, comme l'on l'est aux cérémonies ; l'autre de chasse, et le dernier en masque. Cela occupoit beaucoup les dames et les messieurs. Je suppliai très-humblement le roi de me dispenser d'y aller ; que je n'étois ni en humeur ni en état de prendre plaisir à rien ; que l'on se moqueroit de moi d'aller du blanc au noir et que l'on auroit raison de dire qu'en trois jours les choses me passent de la tête ; que j'y pleurerois et y ferois une vilaine figure ; qu'en toute manière je n'y devois pas aller. Il me dit qu'il le vouloit absolument. Je le pressai fort ce jour-là de me permettre de venir ici [à Eu]. Il me le défendit encore. M. de Lauzun vint chez moi pour me dire qu'il falloit que j'y allasse et que je fusse plus ajustée que personne et que l'on remarquoit que j'étois négligée ; qu'il ne savoit pas pourquoi je ne faisois pas comme j'avois accoutumé ; qu'il en étoit étonné ; ce que j'avois. Je lui disois : « C'est qu'autrefois j'avois eu quelque envie de plaire à un certain petit homme (je ne sais si vous le connoissez), et on ne veut plus que je lui plaise. Je ne me soucie de rien. — A propos on dit que vous avez tant dit de choses au roi. Si vous me contiez tout cela, j'en serois bien aise. Ce n'est pas que je le crois ; mais comme un conte ; car cela ne sauroit être vrai. » Nous contions mille choses de cette force, qui amusoient notre douleur ; mais après cela elle revenoit tout d'un coup, et on pleuroit.

Le temps de Vincennes vint ; j'y allai. J'y fus comme les autres ; mais je n'y avois pas le cœur, comme les autres ; je ne prenois plaisir à rien. Au bal M. de Lauzun se mit derrière tout le monde et étoit fort négligé. Je lui dis en sortant du bal : « J'étois au désespoir de vous voir fait comme vous êtes ; car on vous aura regardé ; on aura demandé : Où est m. de Lauzun ? Et quand on vous aura vu tout crasseux, on aura trouvé que j'avois un méchant goût. Pour mon honneur, vous deviez vous ajuster. » Il rioit.

En dansant une courante avec le duc de Villeroy, je demeurai tout à coup au milieu de la salle, et je me mis à pleurer. Le roi se leva et me vint querir. Il mit son chapeau devant moi, et dit : « Ma cousine a des vapeurs. » Personne, je crois, ne douta du sujet. M. de Lauzun fit le plongeon, et étoit dans le dernier embarras. Il masqua comme les autres, mais sans se faire connoître, et il ne fut qu'un moment. Il s'alla déshabiller, et se vint mettre derrière madame de Crussol, qui étoit auprès de moi ; je causai beaucoup avec lui.

En retournant à Paris, le roi parla beaucoup des carmélites du Vouloi. Cela fit grande peine à la reine. Madame de Guise étoit à Vincennes, mais elle ne se montra guère ; elle étoit toujours derrière ; elle étoit grosse. Elle avoit déjà un fils.

Le roi écrivit dans les pays étrangers pour leur donner part de mon affaire.9 Je crois que ceux qui la proposèrent crurent que cela seroit fort désavantageux pour M. de Lauzun, et tous ses amis trouvèrent qu'il n'y avoit rien que de fort glorieux pour lui ; que le roi le traitoit aussi obligeamment qu'il se pouvoit et l'élevoit au-dessus des princes étrangers. Je crois que celui qui la fit suivit bien l'intention du roi et crut faire sa cour en la tournant ainsi. Les premiers jours que je vis le monde, on me questionnoit un peu, et il n'eût pas été bien que j'eusse évité de parler ; il eût semblé que je me repentois et que j'eusse voulu que l'on eût oublié ce qu'il s'étoit passé. Ainsi quand l'on me demandoit s'il y avoit longtemps que cette affaire étoit résolue et combien il y avoit que l'on y avoit pensé, je disois : « Elle est résolue du voyage de Flandres. » La Hillière me dit que M. de Lauzun avoit dit à quelques personnes qui lui en avoit parlé que nous n'avions résolu la chose qu'au Catelet. Ainsi je le dis toujours pour que nous nous trouvassions justes. Il y avoit plus longtemps, comme l'on voit ; mais on n'étoit pas obligé d'en rendre compte.

IL arriva une aventure10 chez M. le Prince assez mal agréable. Depuis la mort du cardinal de Richelieu, on a toujours assez méprisé madame la Princesse,11 mais on ne l'avoit laissée manquer de rien. On lui laissoit voir le monde ; elle étoit comme une autre. Depuis que madame la Duchesse est mariée, on a redoublé le mépris que l'on avoit pour cette pauvre femme. Elle étoit si abandonnée qu'elle ne voyoit plus personne. Un garçon, qui avoit été son valet de pied, à qui on dit qu'elle avoit promis quelque récompense, ou qui avoit dessein de la voler croyant qu'elle avoit de l'argent, entra dans sa chambre ; il n'y avoit avec elle qu'un gentilhomme qui sortoit de page de M. le Duc. Soit qu'il lui eût demandé de l'argent insolemment ou que ce gentilhomme l'eût vu qui vouloit voler (car on n'a pas su le détail), ils mirent l'épée à la main ; madame la Princesse voulut les séparer ; elle reçut un coup d'épée dans le côté. Il vint du monde. On prit le valet de pied ; le gentilhomme se sauva.12 On envoya querir M. le Prince, qui étoit à Chantilly. Le valet de pied fut condamné aux galères. Dès que madame la Princesse fut guérie, on l'emmena à Châteauroux, une maison de M. le Prince en Berri, où elle a été longtemps en prison. A cette heure,13 on dit qu'elle se promène ; mais elle est comme gardée avec peu de gens. On parla fort de cela, et ce fut un grand bruit à Paris. On blâma fort M. le Duc de la traiter ainsi sa mère, et l'on crut qu'il étoit bien aise d'avoir cette occasion de l'éloigner pour qu'elle ne fît point de dépense. Il auroit pu trouver des prétextes plus avantageux.

Guilloire continua sa mauvaise conduite ; il ne se put passer de témoigner de la joie de la rupture de mon affaire ; il se contraignoit un peu devant moi ; mais je connoissois le fond de son cœur ; ainsi j'avois beaucoup d'impatience de m'en défaire. Je le dis plusieurs fois à M. de Lauzun. Un jour il le vouloit ; l'autre, non. Je lui dis comme je m'étois engagée en le prenant de lui donner quelque récompense (on le voit dans ces Mémoires), quand il vint à mon service. M. de Lauzun trouvoit cela raisonnable ; il remit à M. de Montausier de dire ce qu'il lui falloit donner. D'abord M. de Montausier le trouvoit bonhomme ; puis il le trouva tracassier.

Tous mes gens enrageoient de voir toujours madame de Nogent chez moi. Ils espéroient que le roi l'empêcheroit d'y venir. Segrais redoubloit son espérance pour M. de Longueville, et un nommé Saint-Germain, mon maître d'hôtel, que j'avois pris pendant la guerre. Les conseils se tenoient chez madame d'Épernon. Madame de Rambures y entroit pour quelque chose. On alloit rendre compte à madame de Puysieux. Brays arriva de Normandie le soir que l'affaire se rompit. C'est un homme sage : il ne dit rien et ne pensoit à rien ; mais je crois qu'il n'eût pas été plus aise que les autres.

Cette année-là, l'archevêque Péréfix mourut. Le roi donna l'archevêché à M. l'archevêque de Rouen.14

 

FIN

 


NOTES

1. Le passage entre [ ] ne se trouve pas dans le manuscrit de Mademoiselle.

2. C'est-à-dire que ne pouvoit m'en donner l'espérance d'une fin heureuse et éloignée.

3. La mère Agnès de Jésus Maris (mademoiselle de Bellefonds) avait fait profession en 1629. Bossuet en a fait le plus touchant éloge dans une de ses lettres (édit. Le Bel, t. XXXIX, p. 690) : « Nous ne la verrons donc plus, cette chère mère ; nous n'entendrons plus de sa bouche ces paroles que la charité, que la douceur, que la foi, quel a prudence dictoient toutes et rendoient si dignes d'être écoutées, etc. » Voy. M. Cousin, Jeunesse de madame de Longueville.

4. C'est toujours à Lauzun que pense Mademoiselle, quoiqu'elle ne le nomme pas ; c'est à lui qu'elle adresse la parole.

5. Comparez le passage de Saint-Simon sur Lauzun (Mémoires, t. XX, p. 39 et suiv., édit. Hachette, in-8).

6. Il ne se trouve point de religieuse de ce nom dans le Catalogue des Carmélites, publié par M. Cousin à la suite de la Jeunesse de madame de Longueville. Le nom qui se rapproche le plus est celui de Jessé, religieuse morte en effet en 1670.

7. Ce passage, depuis de Noailles y étoit jusqu'à de Versailles, a été omis dans les anciennes éditions des Mémoires de Mademoiselle.

8. Aux Jésuites de la rue Saint-Antoine, qu'on appelait les Grands-Jésuites. C'est maintenant le lycée Charlemagne.

9. La lettre du roi se trouve dans les papiers Conrart, t. XI, in-fo. Voy. l'Appendice.

10. Ce fut le 13 janvier 1671 qu'eut lieu cet événement d'après le Journal d'Olivier d'Ormesson. On suit dans ce Journal, écrit au moment même où les faits se passaient, tous les bruits qui coururent à cette occasion : « Le mardi 13 janvier 1671, MM. Le Laboureur ayant dîné avec nous, en vint leur dire sur les trois heures que madame la Princesse venoit d'être assassinée dans sa chambre par un de ses valets de pied. M. le bailli de Montmorency y alla, et à son retour dit que c'étoit un nommé Duval, qui avoit été son valet de pied et que M. le Prince avoit chassé de sa maison, lequel étoit entré dans la chambre de madame la Princesse à l'issue de son dîner et l'ayant trouvée seule lui avoit demandé de l'argent, et elle l'ayant refusé sur ce qu'elle n'en avoit point, il avoit tiré son épée et l'avoit frappée dans le corps. Cette action fut aussitôt répandue partout et trouvé fort extraordinaire.

» Le mercredi 14 janvier, étant allé voir les orangers avec M. l'abbé de Villiers, il me dit que l'histoire de madame la Princesse étoit une infamie, et que l'on vouloit étouffer cette affaire, et que M. le duc d'Enghien avoit fait évader ce nommé Duval, afin qu'on ne le prît point.

» Le jeudi 15 janvier, je fus le matin aux Jésuites, où j'appris que ce moment Duval avoit été pris chez le nommé Frontin, chanoine de la Sainte-Chapelle, et avoit été conduit à l'hôtel de Condé et de là aux prisons de Saint-Germain ; que l'on avoit informé du fait et que les information portoient que ce nommé Duval, ayant pris querelle contre un autre et tiré l'épée, madame la Princesse étoit sortie au bruit pour les séparer, et que dans ce rencontre elle avoit été blessée par l'un d'eux d'un coup d'épée ; que l'on avoit conté au roi cette histoire de la sorte par bien des raisons.

» Le samedi 17 janvier, je fus le matin au Palais. Avant l'audience, les trois gens du roi entrèrent. M. Talon dit qu'ils avoient eu avis que, mardi dernier, deux hommes, l'un nommé Duval, l'autre Rabutin, avoient pris querelle dans l'antichambre de madame la Princesse et tiré l'épée ; qu'elle ayant couru au bruit pour les séparer avoit été blessée par l'un d'eux ; et qu'un crime de cette qualité, pouvant passer pour être lèse-majesté en la personne d'une princesse du sang, ils étoient obligés de requérir qu'il plût à la cour de commettre deux de Messieurs pour se transporter à l'hôtel de Condé et recevoir la déclaration de madame la Princesse, interroger ce nommé Duval, qui étoit prisonnier aux prisons du faubourg Saint-Germain, et à cette fin qu'il seroit transféré, continuer les informations commencées pour ce fait, etc. Eux retirés, M. Hervé auroit lu leur requête, sur laquelle il fut ordonné suivant les conclusions. L'après-dînée, parlant à M. le procureur général de cette affaire, qui étoit fort différente du premier récit, il me dit qu'elle étoit vraie, sinon que la querelle s'étoit faite dans la chambre et on dans l'antichambre. »

Olivier d'Ormesson ajoute un peu plus loin : « Duval, pour le coup d'épée donné à madame la Princesse, fut jugé au Parlement, la Grand'Chambre et Tournelle assemblées, et fut condamné aux galères. Madame la Princesse n'avoit pas voulu parler devant les commissaires du Parlement, et l'instruction pour la preuve n'étoit pas entière. »

Quant à Rabutin, il réussit à s'enfuir et s'enrôla dans les armées de l'empereur, où il fit fortune. (Voy. Mémoires de Saint-Simon, édit. Hachette, t. V, p. 15-16).

11. Claire-Clémence de Maillé-Brézé était, comme on l'a vu dans le tome I [Chap. I, Chap. II] des Mémoires de Mademoiselle, nièce du cardinal de Richelieu.

12. Les anciennes éditions ont ajouté la phrase suivante, qui n'est pas dans le manuscrit : « L'abbé Lenet, sur l'avis qu'on avoit donné que le premier s'étoit sauvé dans le Luxembourg, me vint demander permission de le laisser prendre ; il ne s'y trouva point et il fut pris dans la ville. »

13. Mademoiselle a écrit cette partie de ses Mémoires en 1677, comme on l'a vu plus haut.

14. Hardouin de Péréfix, archevêque de Paris, mourut le 1er janvier 1671. Il eut pour successeur Harlay de Chanvallon, archevêque de Rouen.

 


Mémoires de Mlle de Montpensier, Petite-fille de Henri IV. Collationnés sur le manuscrit autographe. Avec notes biographiques et historiques. Par A. Chéruel. Paris : Charpentier, 1859. T. IV, Chap. XVII : p. 237-258.


This page is by James Eason, University of Chicago.